La fermeture du cuivre entre en phase d'industrialisation avec près de 8 millions de locaux

Orange a publié une liste de 6.884 communes présélectionnées pour la fermeture du cuivre. Une liste soumise, notamment, à l'aval des maires. Commentant cette sélection, l'Avicca se dit réservée sur l'intégration de nouvelles grandes villes. Elle estime surtout que le critère de complétude FTTH devrait être prééminent sur tout autre.

Orange a publié mi-juin 2024 la liste des 6.884 communes, soit 7,8 millions de locaux, du lot 4 proposées à la fermeture du cuivre. D'ici au 30 novembre 2024, les acteurs de l'aménagement numérique, dont les maires des communes concernées, devront dire à Orange si ces territoires réunissent toutes les conditions pour entamer en 2025 la fin du cuivre. Avec au total plus de 8,3 millions de locaux concernés (les quatre premiers lots confondus), cette étape marque le passage à l'industrialisation d'un chantier piloté par Orange sous l'égide de l'Arcep.

5% des communes couvertes à moins de 95%

Ce quatrième lot se caractérise par des communes de toutes tailles, y compris des arrondissements de Paris, Lyon et Marseille, et une grande diversité d'opérateurs d'infrastructures FTHH, partout en France. Dans son analyse des communes présélectionnées, l'Avicca relève que "5% des communes, soit environ 350 ont une complétude inférieure à 95%". Orange a également tenu compte de la possibilité de récupérer du matériel en bon état (le matériel RTC n'est plus fabriqué) pour pouvoir assurer la maintenance du réseau cuivre jusqu'à 2030.

Le choix de retenir des communes encore loin de la complétude FTTH "complique les choses", déplore l'Avicca. L'association relève que, dans les 3.000 communes où la fin du cuivre est déjà enclenchée, les collectivités constatent parfois des locaux "oubliés" des opérateurs (dont les logements neufs), des raccordements longs ou complexes pour lesquels aucune aide de l'Etat n'est prévue ou encore des refus de raccordement à la fibre. Or, dans ce jeu d'acteurs entre Orange, les opérateurs d'infrastructure (OI) - ces responsables de la mise en place et de la gestion d'un réseau en fibre optique jusqu'au domicile de l'utilisateur final - et les opérateurs commerciaux, les maires sont en première ligne.

Par ailleurs, l'association estime que la grille de critères utilisée aujourd'hui par Orange semble "paradoxalement pénaliser les 'bons élèves' de la complétude FttH" que sont la plupart des réseaux d'initiative publique. Dans le viseur, le critère de représentativité des OI qui aboutit à inscrire dans la liste des communes pilotées par quelques OI peu performants comme des régies, XpFibre/SFR ou encore Dauphin Telecom.

Les zones très denses concentrent les problèmes

L'Avicca s'inquiète enfin de la multiplication des projets de fermeture du réseau cuivre dans les zones très denses (ZTD), non soumises à des obligations de complétude. Elle estime que les expérimentations (toujours en cours) à Vanves et dans le centre-ville de Rennes ont révélé des défis spécifiques aux grandes villes. Notamment, la fermeture du réseau cuivre nécessite des moyens plus importants qu'en zone moins dense et sont peu reproductibles. Les situations de blocage sont par ailleurs plus nombreuses qu'attendu. 

De plus, le rythme des déploiements en ZTD est actuellement au plus bas selon les derniers chiffres de l'Arcep, peinant même à suivre le rythme des nouvelles constructions. L'Avicca note que seules 3 communes en ZTD sont intégralement raccordables à la fibre, et que 10% des communes de la ZTD ont même vu leur taux de complétude diminuer. Face à cette situation, l'association recommande une approche plus prudente et progressive pour la fermeture du cuivre dans les ZTD.