Education prioritaire - Najat Vallaud-Belkacem annonce la répartition académique des REP et REP+ de la rentrée 2015
"La nouvelle éducation prioritaire se dessine." Alors que son prédécesseur, Benoît Hamon, avait signé avant son départ du ministère de l'Education nationale un arrêté fixant la liste des établissements scolaires inscrits en tant que préfigurateurs dans le programme REP+ (réseau d'éducation prioritaire renforcé) à la rentrée 2014 (voir notre article du 29 août), Najat Vallaud-Belkacem a présenté, ce mardi 23 septembre à Sedan, la répartition académique des 350 REP+ et des 732 REP pour la rentrée 2015.
Une "mobilisation exceptionnelle" pour ceux "qui en ont le plus besoin"
"Il n’y pas de fatalité à ce que l’école française soit la plus inégalitaire d’Europe", a exprimé la ministre de l'Education nationale dans un communiqué du 23 septembre, alors que l'édition 2012 de l'enquête Pisa a démontré que les inégalités scolaires d'origine sociale se creusent en France (voir notre article du 3 décembre 2013). Pour le sociologue Georges Felouzis, "La France a le triste privilège de faire partie des pays où l'inertie sociale est la plus forte à l'école (...) alors même que le discours sur 'l'égalité des chances', la 'promotion par l'école' et le 'collège pour tous' sont récurrents" (*).
Pour changer la donne, la nouvelle géographie prioritaire concentrera davantage les moyens, "pour que ce soient les territoires qui en ont le plus besoin qui bénéficient de cette mobilisation exceptionnelle", a ajouté Najat Vallaud-Belkacem. Sur la base d'un indice social calculé à partir de quatre paramètres (taux de professions et catégories sociales défavorisées, taux de boursiers, taux d’élèves résidant en zone urbaine sensible, taux d’élèves en retard à l’entrée en 6e), "la répartition académique de la nouvelle éducation prioritaire est ainsi conforme et proportionnée aux difficultés socio-économiques de chaque académie". Cette carte est en outre "convergente avec celle de la politique de la ville".
Calendrier et outillage
La géographie annoncée est encore macro : on sait d'ores et déjà, par exemple, que l'académie de Lille sera dotée de 41 REP+ et de 76 REP à la rentrée 2015, tandis que l'académie de Limoges, dont la configuration démographique et sociale est tout autre, ne pourra compter que sur 2 REP+ et 5 REP. Dans le détail, les collèges et écoles des 1.082 réseaux seront annoncés début 2015, les recteurs étant appelés d'ici là à "conduire le dialogue local" permettant de les identifier.
Outre cette géographie recentrée, la nouvelle éducation prioritaire s'appuiera sur "plus de moyens humains et financiers au service de la réussite de tous les élèves, une pédagogie repensée, une école plus accueillante pour les parents", a rappelé la ministre. Dans cette perspective, un site internet renouvelé, lancé à la rentrée 2014, est dédié aux nouvelles priorités de l'éducation prioritaire. Une sous-rubrique y est notamment consacrée à la coopération entre l'école et ses partenaires (offre péri-éducative, politique de la ville, services sociaux et de santé, collectivités locales "pour développer la mixité sociale à l'école et au collège", etc.)
Cette nouvelle configuration suffira-t-elle à convaincre les acteurs associatifs engagés dans la lutte contre le décrochage scolaire ? Lors de la septième édition de sa "journée du refus de l'échec scolaire", l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), qui recense des initiatives inspirantes en la matière sur un site dédié, en débattra le 24 septembre avec une trentaine d'autres organisations.
Caroline Megglé avec AFP
(*) Georges Felouzis, "Les inégalités scolaires", PUF -"Que sais-je ?", 2014