Moins de 20% des personnes âgées vivent dans un appartement avec ascenseur
La Caisse des Dépôts publie une étude sur les conditions de logement des personnes âgées. Une contribution aux enjeux de maintien à domicile, mais aussi de surpeuplement des logements en zones tendues, de mobilité résidentielle et et d'accès aux soins
La direction des retraites et de la solidarité de la Caisse des Dépôts publie, dans le dernier numéro de sa revue "Questions Retraite & Solidarité", une étude sur les conditions de logement des personnes âgées (entendues comme les personnes retraitées d'au moins 60 ans en 2015). Exploitant les données du recensement de 2015, celle-ci synthétise les principaux enseignements sur la question. Il en ressort des conditions de logement globalement plutôt favorables, mais avec des caractéristiques très spécifiques. L'enjeu derrière cette étude est bien sûr la question du maintien à domicile, qui "suppose des conditions de logement adaptées, qu'il s'agisse des caractéristiques des logements eux-mêmes (taille, confort, accessibilité...) ou de leur plus ou moins grande proximité géographique avec les services nécessaires aux personnes âgées".
Une proportion plus forte de diplômés parmi les résidents en Ehpad
Sur un sujet déjà largement exploré (voir nos articles ci-dessous), l'originalité de ce travail est de retenir le niveau d'éducation des personnes retraitées comme caractéristique discriminante, "permettant de mettre en lumière des disparités de situation en fonction du niveau de diplôme". Une caractéristique fortement corrélée avec "la capacité des personnes âgées à mobiliser des ressources (financières, mais pas seulement) pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne qui apparaissent avec l'âge". Les personnes âgées sont, dans l'ensemble, nettement moins diplômées que l'ensemble de la population, compte tenu de la période à laquelle elles ont fait leurs études.
La métropole (hors Corse) compte 10,25 millions de retraités de 60 à 79 ans et 3,81 millions de 80 ans et plus (dont 65% de femmes). Sur ce total, 4,8% (environ 700.000 personnes) résident "hors logement ordinaire", essentiellement en Ehpad (proportion qui monte à 13,7% chez les 80 ans et plus contre 1,6% entre 60 et 79 ans). De façon contre-intuitive, la part des personnes de 80 ans et plus résidant en Ehpad est nettement plus importante parmi les personnes ayant un diplôme d'études supérieures (17,7%), mais cela s'explique en réalité par le fait qu'elles ont une espérance de vie plus élevée.
Des logements rarement surpeuplés
Si on considère uniquement les personnes retraitées de plus de 60 ans hors établissements, l'étude montre notamment que près de 40% des retraités de 80 ans et plus vivant en maison ou en appartement sont des femmes seules. Par ailleurs, il apparaît que plus des trois quarts des personnes âgées résidant en maison ou en appartement sont propriétaires de leur logement (79% chez les 60-79 ans et 77% chez les 80 ans et plus). Pour leur part, les locataires (un peu plus de 20%) se répartissent quasiment à parité entre le parc social et le parc privé. Le niveau d'éducation influe assez peu sur cette situation, si ce n'est que les personnes les moins diplômées sont un peu moins souvent propriétaires et, lorsqu'elles sont locataires, résident plus souvent dans le parc social que dans le parc privé (contrairement aux personnes plus diplômées).
Autre spécificité du logement de cette tranche d'âge : les logements sont rarement surpeuplés (4,5% des ménages contre 8,4% pour l'ensemble de la population). Le surpeuplement chez les personnes âgées est toutefois plus important sur Paris et la petite couronne (10%, dont 20% dans Paris intra-muros), ainsi que dans les Alpes-Maritimes.
Diplômes et revenus conditionnent la présence d'un ascenseur
L'un des enseignements les plus inattendus de l'étude est que moins d'un cinquième des personnes âgées de 80 ans et plus résident dans un appartement avec ascenseur (l'étude n'indique pas la proportion des retraités vivant dans un appartement). Cette proportion de 20% s'applique à tous les types de logements. L'étude indique que la part des personnes de 80 ans et plus vivant dans un appartement avec ascenseur s'échelonne entre 1,2% en Ariège (où on conviendra que les immeubles ne sont pas légion) et 81,3% à Paris.
La disposition d'un ascenseur semble aussi très liée au niveau d'études et donc de revenus. Ainsi, la proportion de personnes de 80 ans et plus vivant dans un appartement avec ascenseur varie du simple au double entre ces deux départements urbanisés que sont la Seine-Saint-Denis (32,9%) et les Hauts-de-Seine (59,8%). Les écarts sont également importants en fonction du diplôme : 35,8% des 80 ans et plus diplômés du supérieur résident dans un appartement avec ascenseur, contre seulement 15,7% de ceux dépourvus de diplôme. L'étude constate que ces problèmes d'ascenseurs "sont d'autant plus aigus que les personnes âgées déménagent peu et lorsqu'elles déménagent, peu le font pour un appartement avec ascenseur".
Certains enseignements sont en revanche moins inattendus, comme le constat d'une mobilité résidentielle qui décline avec l'âge : seuls en effet 2,5% des personnes âgées de 80 ans et plus déclarent résider depuis moins de deux ans dans leur logement (et même seulement 1,4% pour celles habitant une maison).
Enfin, la dernière partie de l'étude sort un peu du champ du logement stricto sensu pour s'intéresser à l'inégal accès aux soins de spécialité et hospitaliers. Sur ce point, la situation des personnes âgées n'est pas différente de celle de l'ensemble de la population, mais le besoin de soins s'accroît en revanche fortement avec l'avancée en âge.