Mobilité : la sortie de la dépendance automobile au point mort pour les habitants des communes rurales
Selon une nouvelle étude du ministère de la Transition écologique publiée ce 29 août, l'usage de la voiture continue à dominer largement en milieu rural pour les déplacements à caractère local (jusqu'à 100 km). Par conséquent, faute d'alternatives, les ménages des communes rurales concentrent plus de 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) des déplacements.
C'est une étude qui confirme une nouvelle fois le grand écart des pratiques de mobilité selon la densité des territoires. Publiée ce 29 août par le service des statistiques du ministère de la Transition écologique, elle s'appuie sur des données extraites de la dernière grande enquête mobilité des personnes datant de 2019, soit l'année de l'adoption de la loi d'orientation des mobilités (LOM) censée faciliter la sortie de la dépendance automobile en supprimant notamment les "zones blanches de la mobilité" (zones non couvertes par une autorité organisatrice de la mobilité) en accordant notamment de nouvelles compétences aux collectivités territoriales pour organiser des services tels que l'autopartage, le covoiturage, le transport à la demande.
En attendant une prochaine enquête actualisée, le ministère rappelle que les déplacements de moins de 10 km représentent 71% de l’ensemble des déplacements et 42% des temps de transport, contre moins de 13% des distances parcourues et moins de 13% des émissions de gaz à effet de serre de la mobilité (amont, traînées et autres effets non-CO2 de l’aviation inclus). A contrario, les déplacements de plus de 100 km ne représentent que 1,5% des déplacements, mais près de 47% des distances, et 45% des émissions de gaz à effet de serre (37% si l’on ne comptabilise que les émissions directes).
Plus de la moitié des déplacements des habitants des communes rurales effectués sur des distances entre 10 et 100 km
Alors qu'ils représentent 38% de la population, les habitants des communes denses effectuent beaucoup plus fréquemment des déplacements de très courte distance que les habitants des communes rurales qui constituent 33% de la population. 22% des déplacements des premiers font moins de 1 kilomètre contre 13% de ceux des seconds. À l’inverse, les déplacements des habitants des communes denses sur des distances de 10 à 100 km sont deux fois moins fréquents que ceux des habitants des communes rurales (18% contre 40%). "Les habitants des communes rurales ont donc logiquement un usage plus important de la voiture, par rapport aux communes denses où la marche et l’usage des transports en commun est plus fréquent, relèvent les auteurs de l'étude. La marche domine en effet pour les déplacements les plus courts, alors que la voiture est le mode prédominant pour les déplacements entre 1 km et 1.000 km, quel que soit le territoire".
Plus de la moitié des distances parcourues par les habitants des communes rurales (53%) concernent des déplacements entre 10 et 100 km, contre 28% pour les urbains. A l'opposé, environ 29% des distances parcourues par ces derniers concernent des déplacements de 1.000 km ou plus, soit une part nettement supérieure à celle des habitants des communes de densité intermédiaire (19%) et des communes rurales (15%). La voiture représente l’essentiel des émissions directes (93%) sur les trajets inférieurs à 1.000 km. Au-delà de 1.000 km, les émissions de GES sont concentrées sur l’avion (à 86% hors amont et effets non-CO2 de l’aviation, à 92 % en les incluant).
Conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre
Compte tenu des caractéristiques de leur mobilité, les habitants des communes rurales concentrent 42% des émissions directes de gaz à effet de serre (GES) des déplacements (40 % avec amont et effets non-CO2 de l’aviation), soit une part supérieure à leur poids dans la population, relèvent les auteurs de l'étude, 60% de leurs émissions directes concernant des déplacements de 10 à 100 km, effectués quasi exclusivement en voiture.
Les habitants des communes densément peuplées concentrent, eux, 31% des émissions directes de gaz à effet de serre (33% avec amont et effets non-CO2 de l’aviation), soit une part moins importante que leur poids dans la population. "Cette sous-représentation s’explique par de moindres émissions pour les déplacements du quotidien malgré des déplacements longue distance plus nombreux et plus longs", analysent les auteurs de l'étude. "28% de leurs émissions (39% avec amont et effets non-CO2 de l’aviation inclus) sont, de fait, liées à des déplacements de plus de 1.000 km, principalement en avion, contre moins d’un tiers à des déplacements de 10 à 100 km", précisent-ils.