Taxe carbone : les habitants des communes rurales restent moins favorables à une hausse éventuelle, quelle que soit la contrepartie

Selon une étude que vient de publier la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur l’adhésion à une hausse de la taxe carbone en contrepartie de la mise en place de mesures compensatoires, 6 personnes sur 10 se montrent favorables à une telle augmentation. Mais quelle que soit la mesure redistributive envisagée, les habitants des communes rurales restent les moins enclins à une telle évolution.

Plus de cinq ans après le déclenchement du mouvement des Gilets jaunes, qui avait conduit au gel de la taxe carbone ou contribution climat énergie mise en place en 2014, quel est aujourd'hui le degré d'adhésion de l'opinion à une éventuelle hausse de cet instrument financier fondé sur le principe du "pollueur-payeur" pour limiter les émissions de CO2 et encourager les énergies moins polluantes ? La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de publier une étude sur le sujet. À partir des résultats de son dernier Baromètre d’opinion - une enquête annuelle sur la perception des inégalités et l’opinion des individus sur les politiques sociales et de santé* qui a donné lieu en 2022 à un focus sur l’acceptabilité sociale des politiques environnementales -, l'étude montre que seul un tiers des personnes interrogées se montrent spontanément favorables à une hausse de de la taxe carbone lorsqu'on leur pose la question sans mentionner de contrepartie. Mais l'adhésion est près de deux fois plus importante lorsqu'on leur mentionne que la hausse de la taxe carbone de 10 centimes par litre de combustible qui est évoquée permettra de financer des politiques publiques socio-économiques ou environnementales.

Six personnes sur dix favorables à une hausse en contrepartie d'une mesure redistributive

En contrepartie de la mise en place d’une mesure redistributive, fiscale ou environnementale, plus de six habitants de France métropolitaine sur dix sont favorables à une augmentation de la taxe carbone. Parmi les cinq mesures proposées en contrepartie d'une telle hausse, la création de transports, d'emplois et de services de proximité dans les zones périphériques et rurales est celle qui rencontre le plus d'opinions favorables (73%). Les deux tiers des répondants accueillent aussi favorablement l'hypothèse d'une baisse de la TVA ou de financements publics ciblés sur les politiques environnementales. Six personnes sur dix soutiennent aussi les deux autres mesures proposées – une compensation financière en faveur des foyers les plus modestes et une baisse de l'impôt sur le revenu.

34% des personnes interrogées dans le Baromètre adhèrent à l'ensemble des cinq mesures de compensation de la taxe carbone et 13% les rejettent systématiquement. Celles qui soutiennent le plus ardemment une hausse de taxe carbone, quelle qu'en soit la contrepartie (soit 13% des "adhérents") sont celles les plus préoccupées par les problèmes liés à l'environnement et au dérèglement climatique. On retrouve parmi elles une forte proportion de diplômés du supérieur, de cadres et professions libérales (71%).

Les personnes particulièrement attachées à l’État et à la protection sociale sont plus favorables que les autres à une hausse de la taxe carbone, sauf quand elle est compensée par des réductions d’impôts. La mesure compensatoire portant sur la redistribution en faveur des foyers les plus modestes est la seule qui est significativement davantage soutenue par les familles monoparentales (67%), les personnes qui se considèrent pauvres (66%) ou qui jugent avoir un risque de devenir pauvres dans les cinq prochaines années (65%), ainsi que celles ayant le sentiment d’avoir besoin d’être aidées davantage par les pouvoirs publics (66%). Les locataires de logements sociaux sont également plus favorables (69%) à une redistribution en faveur des plus modestes.

Communes rurales : plutôt non sauf si...

Quelle que soit la mesure de compensation proposée, l’augmentation de la taxe carbone est moins bien accueillie dans les communes rurales que partout ailleurs. Néanmoins, une taxe carbone compensée par la création de transports, d’emplois et de services de proximité dans les zones périphériques et rurales est la mesure qui réunit le plus d’opinons favorables, y compris dans les communes rurales : trois personnes sur quatre la soutiennent dans l’ensemble de la population, mais aussi deux sur trois vivant dans une commune rurale.

Enfin, 27% des personnes interrogées se déclarent "beaucoup" ou "totalement ou quasi totalement" prêtes à limiter leurs trajets en voiture. Cette part atteint 36% lorsque les personnes se projettent dans une situation où les transports en commun seraient plus développés à proximité de chez elles. Les adhérents à une hausse de la taxe carbone compensée par des financements publics ciblés ou par la création d’emplois et de services de proximité dans les zones périphériques et rurales sont davantage prêts à limiter leurs trajets en voiture. Ainsi, parmi ceux déclarant être favorables à ces deux mesures environnementales et utilisant une voiture, 35% se disent "beaucoup" ou "totalement ou quasi totalement" prêts à limiter leurs trajets en voiture, contre 21% parmi ceux qui n’y sont pas favorables.

*Depuis sa mise en place en 2000, l’enquête se déroule en face à face auprès d’un échantillon de 4.000 personnes, représentatif de la population française résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans ou plus. En supplément du questionnaire commun à chaque édition, un module complémentaire est inséré chaque année.

Référence : L'étude de la Drees
 

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