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Education - Mixité au collège : premiers retours d'expériences des territoires pilotes

Le ministère de l'Education nationale a organisé, le 13 décembre, une journée intitulée "Agir pour une mixité sociale et scolaire au collège : retours d'expériences et projets des territoires pilotes". Un an après le lancement de la démarche, il est encore bien trop tôt pour juger de son efficacité.

"Une impulsion politique a été nécessaire au commencement. A présent, c'est la constance de votre engagement, la rigueur de l'évaluation, et notre capacité à donner à cette politique la force de la preuve, qui seront déterminants", a déclaré le 13 décembre Najat Vallaud-Belkacem lors de la journée consacrée aux retours d'expériences et aux projets menés dans les territoires pilotes de la démarche "Agir pour une mixité sociale et scolaire au collège".
L'impulsion politique, c'est elle qui l'aurait donnée en lançant le 9 novembre 2015 la "troisième voie" pour parvenir à la mixité scolaire. Une troisième voie située entre la suppression pure et simple de la carte scolaire (voie empruntée en 2007 et dont la Cour des comptes a très vite perçu qu'elle favoriserait les "ghettos scolaires", voir notre article du 10 novembre 2009) et celle qui consisterait à "rigidifier la carte scolaire, la figer". La ministre de l'Education nationale rappelle qu'elle avait, elle, pris le parti de "rompre avec l'idée d'un grand soir politico-technocratique imposé d'en haut" pour initier "une politique qui part du terrain, de la mobilisation des acteurs concernés, et qui s'appuie sur l'expérimentation et l'évaluation des mesures proposées, pour ensuite la généraliser".

84 communes engagées

Les outils existaient, mais n'étaient pas utilisés. La création de secteurs multicollèges était ainsi possible depuis la loi pour la refondation de l'école (et son décret d'application du 15 juillet 2014 ainsi que la circulaire du 9 janvier 2015, voir nos articles ci-contre), mais il aura fallu la création de territoires pilotes pour commencer à envisager leur généralisation. Alors que le ministère espérait une vingtaine de territoires pilotes à la rentrée scolaire 2016, "nous avons, à l'heure actuelle, 46 départements et 84 communes, de droite comme de gauche, engagés à nos côtés", se félicite la ministre aujourd'hui.
Sur les six retours d'expériences lancées à la rentrée 2016 et présentés dans le dossier de presse, quatre portent effectivement sur la création d'un secteur multi-collèges. C'est le cas de Redon (voir notre article ci-contre du 16 mars 2016) où a été créé un secteur de regroupement pour trois collèges dont l'un est privé. Les effectifs du collège Bellevue, le plus ségrégé, ont augmenté de 32 élèves en cette rentrée par rapport à la rentrée 2015. A Rive-de-Gier, dans l'académie de Lyon, pour la première année, 23,3% des familles des écoles les plus fragiles ont pu demander (et obtenir) l'inscription de leur enfant au collège Truffaut.

Fermeture du collège Kerichen de Brest

Confronté à une baisse de 569 collégiens en dix ans, Brest joue sur plusieurs tableaux : la création d'un secteur multi-collèges (comprenant un collège REP et trois collèges non REP) et la fermeture du collège Kerichen qui accueillait encore 264 élèves mais avait perdu plus des deux tiers de ses effectifs en 20 ans. Résultat : à la rentrée 2016, toutes les familles ont obtenu le premier vœux d'affectation "avec peu de report vers le réseau privé" et "la répartition entre les quatre collèges est plus harmonieuse, y compris pour le collège REP", rapporte le ministère. A Nancy aussi, on a combiné la création d'un secteur multi-collèges avec un autre projet : la création d'un dispositif bilingue franco-anglais dans le collège le plus défavorisé afin de permettre l'affectation d'une part importante des effectifs de CM2 de l'école d'immersion franco-anglophone du grand quartier.

Le collège Las Cazes mise sur l'offre de formation

Pour freiner l'évitement du collège Las Cazes de Montpellier (renommé Simone Veil à la rentrée 2016), qui accueille moins de 400 élèves pour une capacité de 800, l'action a porté sur l'offre de formation : tablettes pour tous les élèves de 5e, partenariat avec des clubs sportifs professionnels avec perspective d'entrer dans une classe sportive du lycée Mermoz, création d'une section internationale anglo-américaine avec perspective d'entrer à la section anglo-américaine du lycée Jules Guesde, création d'une section d'enseignement en arts de la scène et du spectacle, mise en place de parcours d'excellence... Le collège a vu pour la première fois depuis des années, le nombre d'élèves scolarisés augmenter à la rentrée 2016 et a reçu 21 demandes de dérogation "entrantes".
A Strasbourg, pour rééquilibrer les caractéristiques sociologiques des collèges Vauban (davantage ségrégé) et Esplanade, l'académie et le département ont également misé sur l'offre de formation avec l'ouverture de deux sections internationales au collège Vauban, ainsi que sur l'élargissement du secteur de recrutement du collège de l'Esplanade qui perdait de toute façon des élèves chaque année.

 

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