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Education - Favoriser les collèges privés dans les ghettos scolaires au nom de la mixité ? Une piste parmi d'autres...

Aider les établissements privés sous contrat à se développer dans les quartiers "difficiles" pour favoriser la mixité scolaire ? La question n'en serait déjà plus une car "le privé est assez engagé sur ces questions dans un certain nombre de territoires", a dit la ministre de l'Education nationale, le 12 janvier, lors du débat à l'Assemblée nationale sur le rapport Salles-Durand sur la mixité sociale à l'école (voir notre article ci-contre du 21 décembre 2015). Un débat que Najat Vallaud-Belkacem voulait apaisé, renvoyant d'un coup de menton tout ce qui pourrait s'apparenter à de l'idéologie.
D'ailleurs, elle a déclaré entretenir des "relations de qualité avec le SGEC (Ndlr : Secrétariat général de l'Enseignement catholique)", qui participe à la réflexion sur les 20 territoires pilotes qui expérimenteront à la rentrée 2016 des solutions en faveur de la mixité sociale dans les collèges (voir notre article ci-contre du 10 novembre 2015).

"Rééquilibrer la composition sociale des établissements"

La ministre a soufflé quelques mesures à ces territoires qui voudraient développer l'enseignement privé. Il serait entre autres "possible d'établir des objectifs et des stratégies partagés, par exemple pour rééquilibrer la composition sociale des établissements, y compris privés, sur plusieurs années", a-t-elle ainsi évoqué. Elle propose également de faire en sorte que "plus aucun élève ne soit l'objet d'une éviction du privé vers le public en cours de scolarité". Elle suggère surtout de "négocier le développement de tel ou tel établissement en le conditionnant à une réduction de la ségrégation".
Le rapport avait posé deux conditions : "que les établissements respectent les critères de mixité sociale et scolaire" et que "cela ne fragilise pas les établissements publics", a rappelé le sénateur (PS) Durand, de manière à "ne pas créer des concurrences entre filières" mais de rester "dans la complémentarité" et "dans l'esprit de service public" (que doivent respecter les établissements sous contrat).

"C'est du territoire que viendront les solutions concrètes"

Quoi qu'il en soit, "il n'est pas utile de recadrer les choses au niveau national", estime la ministre, car, a-t-elle répété aux députés, "c'est du territoire que viendront les solutions concrètes" dans le cadre de "démarches territorialisées au cas par cas".
A noter aussi cette réponse partielle, à la question de savoir pourquoi des parents choisissent les établissements privés pour leurs enfants. Najat Vallaud-Belkacem cite trois raisons : religieuses, une mauvaise expérience dans un établissement public et l'intérêt pour une pédagogie différenciée. Rien sur les "stratégies d'évitement pour des questions (réelles ou supposées) de niveau scolaire, d'insécurité, de volonté de rester dans "l'entre-soi" (voir d'ascension sociale)...
Autre solution, plus radicale : raser purement et simplement un collège difficile ? La ministre n'est pas contre, par exemple dans le cadre d'une opération Anru.

Il y a excellence et excellence...

En revanche, il est clair qu'elle ne souhaite pas revenir sur sa décision de supprimer les classes bilangues au collège. Elle n'a pas plié sous l'argument d'Yves Durand quand il a évoqué le maintien, dans des ghettos scolaires, de "bons élèves, souvent issus de la classe moyenne" et qui restent parce qu'ils sont intégrés dans une classe bilangue. Les témoignages des chefs d'établissements situés dans des quartiers difficiles sont unanimes, a renchéri son collègue (UDI) Rudy Salles, qui s'est permis de dire à la ministre "vous faites une grave erreur".
Pour autant, la ministre croit à "l'excellence". Elle avait d'ailleurs annoncé aux députés le lancement, dès la rentrée 2016, du "parcours d'excellence" réservé aux collégiens volontaires des REP+ (et REP à la rentrée 2017), dans la continuité du Programme d'études intégrées (PEI) mis en place par les IEP de région depuis 2007. Deux jours après, elle devait le présenter lors d'un déplacement à Beuvrages (académie de Lille). Il s'agirait d'un dispositif dans lequel l'élève de 3e serait accompagné jusqu'en terminale, "à travers un partenariat avec les universités, les grandes écoles, le monde de l'entreprise et le milieu associatif". "Ces parcours visent à guider les jeunes issus de milieux défavorisés vers une poursuite d'études ou une insertion professionnelle ambitieuse et réussie", explique le ministère.