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Aménagement du territoire - Métropoles à la française : la Datar met en évidence cinq scénarios d'évolution

En octobre 2009, la Datar lançait "Territoires 2040" : une démarche de prospective visant à imaginer les futurs possibles du territoire national, à identifier les grands enjeux stratégiques et les politiques qu'il faudra déployer pour les relever. Sept groupes de travail rassemblant plus de 200 chercheurs, universitaires, experts et acteurs territoriaux ont été mis en place. Les premiers résultats de recherche ont été dévoilés lors du colloque "Des systèmes spatiaux à l'heure du changement", organisé le 1er juin 2010 par la Datar.
Parmi les thèmes étudiés : le réseau des métropoles françaises dans l'économie monde. Le thème est d'actualité avec la création, dans le cadre de la réforme des collectivités, de métropoles qui regrouperont des communes d'un seul tenant représentant plus de 450.000 habitants et qui devraient en principe bénéficier de compétences et de moyens financiers supérieurs à ceux des communautés urbaines.
Le groupe de la Datar dédié à cette thématique a d'abord tenté de définir les caractéristiques de ces métropoles : ce sont des espaces où les activités à forte valeur ajoutée sont nombreuses et qui, en produisant des "images identitaires de ces activités", arrivent à se construire une image singulière. Autre caractéristique : elles sont organisées par la conflictualité. Des conflits liés à l'accès au logement, au marché scolaire, à la santé publique, au travail, "qui dynamisent l'ensemble", a détaillé Michel Lussault, professeur à l'Ecole normale supérieure de Lyon. Ce sont aussi des lieux où les contraintes environnementales et la vulnérabilité sont très prégnantes et organisent également l'espace social.
A partir de ce diagnostic, le groupe a ensuite tenté de déterminer les scénarios envisageables pour 2040 en s'appuyant sur l'exemple de villes comme Paris, Strasbourg, Marseille, Lyon, Bordeaux ou encore Toulouse. Première possibilité : la prédominance d'une seule métropole en réseau à partir de Paris, ce que le groupe a appelé "l'évolution vers une métropole hiérarchisée". Seule Paris demeurerait comme mégamétropole, les autres villes étant simplement raccrochées à elle.
Autre hypothèse : "l'archipellisation". Un système dans lequel "les métropoles auront décroché des logiques de territoire classiques, pour se construire leur propre réseau d'alliance", a expliqué Michel Lussault. Le troisième scénario consiste en une "métropolisation en profondeur". Une métropolisation qui "finit par infuser l'ensemble du territoire", à l'inverse de la quatrième hypothèse du groupe qui irait dans le sens d'une démétropolisation relative, une organisation du territoire moins hiérarchisée, avec notamment la relocalisation dans les espaces agraires. Enfin, dernier scénario : la différenciation métropolitaine et la régionalisation, avec la constitution de mégarégions métropoles (la métropole lilloise, la métropole méditerranéenne,…). Un scénario qui dont se rapprochent les contours de la métropole envisagés dans le projet de loi sur les collectivités territoriales.
Reste encore au groupe de travail à élaborer, à partir de ces hypothèses, les différents modèles d'évolution. "Y aura-t-il de la vidéosurveillance dans ces espaces ? Les systèmes seront-ils centralisés ou pas ? Qu'en sera-t-il de l'accès au travail ?". Autant de questions que Michel Lussault pressent comme importantes à poser pour envisager le futur des métropoles à la française. Les premières conclusions des groupes de travail seront publiées dans trois semaines par la Datar, tandis que les groupes constitués vont poursuivre leur réflexion.

Emilie Zapalski

 

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