Urbanisme - L'agglomération lyonnaise : une "éco-métropole" en devenir
Construire une "éco-métropole lyonnaise équilibrée, accessible, éco-responsable et solidaire" : telle est l'ambition du projet de schéma de cohérence territoriale (Scot) 2010-2030 présenté le 25 janvier par Gérard Collomb, en sa qualité de président du Sepal (syndicat mixte d'étude et de programmation de l'agglomération lyonnaise). Adopté par les élus du Sepal le 14 décembre dernier après cinq années de débats et de concertation, ce nouveau Scot destiné à remplacer l'actuel schéma directeur à la fin 2010, concerne les 57 communes du Grand Lyon et les quinze communes voisines de l'est lyonnais et du Val d'Ozon, soit 1,3 million d'habitants. Il propose plusieurs axes de développement : "promouvoir le développement économique et résidentiel de l'agglomération, faire de l'environnement un facteur de développement, rechercher un vivre ensemble nourri par plus de solidarité".
En termes de développement économique, le Scot s'appuie notamment sur les pôles de compétitivité, le maintien d'un tissu industriel dense, l'innovation et l'articulation entre les différents pôles universitaires et de recherche. Il s'agit également de "renforcer les grands équipements et l'offre d'immobilier tertiaire, grâce à une enveloppe foncière de 2.000 hectares pour l'accueil d'activités économiques", et de développer les services à la personne.
Concernant l'habitat, le Scot prévoit de construire plus de logements "sous des formes plus compactes, de les localiser préférentiellement dans des secteurs de renouvellement urbain proches des transports en commun (polarités, sites de projet, corridors de transports, quartiers de gare), et d'accroître la part du logement social au-delà des seuils fixés par la loi Solidarité et Renouvellement urbains (SRU) pour atteindre près de 30% de logements sociaux en 2030". L'agglomération prévoit d'accueillir 150.000 habitants supplémentaires d'ici 2030 et de produire environ 7.500 logements neufs par an.
Vers un réseau de transport express de type RER
Côté transports, le Scot insiste sur le nécessaire "maillage du territoire par les transports en commun", avec "un souci d'interconnexion efficace, confortable et rapide des polarités d'agglomération". Il préconise notamment la mise en œuvre d'un véritable réseau express métropolitain de type RER, organisé en "toile", de "limiter les déplacements motorisés et favoriser les modes doux".
La croissance urbaine devra s'organiser selon une architecture "multipolaire" autour d'une douzaine de bassins de vie et d'une vingtaine de polarités urbaines "connectées au réseau express métropolitain". Cette organisation doit favoriser "la proximité", limiter "l'accroissement des déplacements" et préserver "l'intégrité des espaces naturels et agricoles d'un développement extensif". Le renouvellement urbain et la "densification de secteurs les mieux équipés et les mieux desservis en transports en commun", devront favoriser une "ville des courtes distances", plus sobre au plan énergétique et plus économe en temps de déplacements. Pour attirer les habitants et "favoriser le vivre ensemble", le Scot met l'accent sur la nécessaire "multifonctionnalité" dans les quartiers (habitat, commerce, école, transport, culture, sport), rendue possible par une "répartition équitable" des investissements publics.
Maintenir l'équilibre entre espaces urbains et ruraux
Afin de faire des espaces naturels et agricoles, des pôles de qualité de vie, d'attractivité et de richesse économique, le Scot préconise de maintenir un équilibre entre les espace urbains et ruraux (50%-50%) sur l'ensemble du territoire. Il s'agit, entre autres, par la maîtrise des PLU plans locaux d'urbanisme (PLU) de préserver les espaces verts existants et une agriculture périurbaine "essentielle pour l'agglomération". Autres objectifs : protéger et "mettre en réseau l'armature verte" de l'agglomération, préserver la biodiversité, développer "des aménagements de loisirs et découverte", et mettre en valeur les paysages.
Enfin, le Rhône et la Saône sont considérés comme des espaces à "restaurer, aménager et valoriser", car "emblématiques de l'identité et de la qualité patrimoniale de l'agglomération, nécessaires à son alimentation en eau et voies de transport de marchandises essentielles". La valorisation du "réseau bleu" d'agglomération concerne à la fois la préservation et la restauration du caractère naturel des cours d'eau et de leurs rives, la mise en valeur des espaces en eau et le développement de l'usage de la voie navigable
Avant approbation du Scot à la fin 2010, le projet va faire l'objet d'une consultation auprès des personnes publiques associées - Etat, région, département, chambres consulaires, autorités organisatrices de transport des collectivités membres du Sepal -, des communes et EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) voisins compétents en matière d'urbanisme, ainsi que des syndicats mixtes porteurs d'un Scot. Une enquête publique sera engagée à la fin du printemps 2010 sur une période de deux mois. Les résultats de la consultation et de l'enquête publique seront analysés par le Sepal pour une mise au point définitive du Scot à l'automne prochain.
Anne Lenormand