Attractivité - Nantes, Bordeaux, Marseille... ces métropoles européennes en devenir
"La majorité des parlementaires peut voter un projet de loi ambitieux concernant les métropoles" : le rapporteur à l'Assemblée du projet de loi de réforme des collectivités territoriales se veut confiant. Lors de la conférence sur les métropoles et le développement économique qui s'est tenue à Paris le 28 avril, Dominique Perben affichait en effet sa volonté de "donner aux métropoles un mode de gouvernance intégrée qui leur permettent de faire des économies et de décider plus vite". Un schéma qui implique un transfert de certaines compétences des conseils généraux vers les métropoles (comme le préconisaient les rapports d'Edouard Balladur et de Dominique Perben) mais aussi de nouvelles ressources financières. Car, comme le souligne Jean-Marc Ayrault : "La notoriété et l'attractivité sont essentielles aux métropoles." Le député-maire de Nantes, également président de Nantes Métropole (voir notre article du 9 octobre 2009), souhaite "éviter la concurrence entre les territoires et concentrer toutes les capacités". Il semble sur la bonne voie mais encore loin derrière plusieurs autres grandes villes françaises. Selon le baromètre Ernst & Young 2009 sur l'attractivité de la France, 56% des entreprises interrogées pensent que Paris est la métropole française la plus attractive pour implanter son entreprise. Lyon arrive juste derrière avec 44% tandis que Nantes ne convainc que 7% des sondés. De son côté, Bordeaux, avec ses 53.000 entreprises et un PIB de plus de 40 millions d'euros (selon les derniers chiffres publiés par la chambre de commerce et d'industrie (CCI) du Grand Lille) espère grandir pour devenir une métropole européenne. Mais, pour Alain Juppé, il lui faut encore remplir quatre critères : "La taille démographique car le million d'habitants est nécessaire ; l'accessibilité avec le développement des lignes à grande vitesse, d'un réseau autoroutier conséquent et d'un aéroport avec des liaisons à bon marché ; un rayonnement universitaire et une image forte, une marque." Des critères auxquels le président de la CCI de Marseille Provence ajoute celui de l'organisation car selon Jacques Pfister : "Les entreprises installées dans les zones métropolitaines ont besoin d'une vie organisée en aire métropolitaine cohérente. C'est une question d'efficacité interne." Ainsi Marseille Provence Métropole, qui regroupe une quinzaine de communes d'Arles à Toulon, s'organise pour l'avenir avec notamment "la mise en œuvre d'un réseau de transports en commun plus efficace". Tous ces projets devraient permettre de concurrencer de grandes métropoles européennes, comme Turin dont le président de la CCI, Alessandro Barberis, aime à rappeler que "si Turin a 2,2 millions d'habitants et 315 millions d'euros de PIB, ce qui fait sa force est le travail en réseau accompli par la ville". La plupart des élus des métropoles ont bien entendu le message et s'ils soutiennent l'émergence institutionnelle d'une métropole, ils ne perdent pas de vue que "la métropole est un outil, un levier et non un objectif en soi".
Muriel Weiss