Métropoles - Jean-Marc Ayrault : "L'espace Loire-Bretagne est déjà une réalité"
Economie, transports, santé : les métropoles de Nantes et Rennes ont décidé de renforcer leur coopération à l'issue d'un colloque qui s'est déroulé les 8 et 9 octobre successivement dans les deux villes. Principale décision : la création d'une conférence permanente qui se réunira chaque année. De quoi donner un peu plus de visibilité à l'espace métropolitain Loire-Bretagne, comme le souligne Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes et président de Nantes Métropole.
Localtis : Quels sont les défis de la coopération entre Nantes et Rennes ?
Jean-Marc Ayrault : Les deux métropoles se rapprochent de plus en plus, ne serait-ce que physiquement, elles sont à une heure de route. Les deux aires urbaines ne cessent de croître, les distances se réduisent. C’est aussi vrai en matière de développement économique : Nantes et Rennes disposent de nombreux atouts avec les pôles de compétitivité images et réseaux, technologies de la communication, matériaux, le pôle Mer, mais aussi dans les domaines porteurs de la santé, de la recherche et de l’enseignement supérieur. Les coopérations sont très importantes, les équipes de recherche et les entreprises travaillent ensemble. Cependant, il ne faut pas rester sur ces acquis, nous avons pris des décisions communes en matière de mobilité et d’accessibilité qui sont essentielles pour aller plus loin. Un grand rendez-vous nous attend avec le schéma national de transports. Rien n'est prévu pour l'Ouest ! Nous allons nous battre vis-à-vis de l’Etat pour la liaison rapide entre Rennes et Nantes et pour la plateforme aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes. Le raccordement à la future ligne à grande vitesse Sud est aussi un enjeu important pour notre développement. Il permettra de se rendre de Brest à Turin via Limoges, ou de Brest à Madrid via Bordeaux.
Nous allons également nous préparer à un nouveau rendez-vous : la création d’Instituts hospitaliers annoncée par le président de la République. L’expérience du plan Campus qui n’a retenu aucune université de l’Ouest, a été un peu vexatoire. Mais elle a servi d’électrochoc. Cette fois-ci, nous n’allons pas nous présenter en ordre dispersé. Quel projet d’excellence porter ensemble avec les CHU de Nantes, de Rennes mais aussi d’Angers et de Brest ? Il nous faut une ambition cohérente de manière à atteindre une masse critique.
Pourquoi cette volonté de rapprocher Nantes et Rennes ?
Aujourd’hui, nous sommes à un tournant. Nos deux métropoles connaissent une croissance économique et démographique et peuvent se féliciter d’une grande qualité environnementale. Mais on voit bien qu’il faut franchir une nouvelle étape. Si l’on regarde la carte du monde et de l’Europe, nos deux villes, pourtant importantes en France, sont petites. La seule efficacité possible, c’est la complémentarité. Ces journées nous ont bien montré que les pôles de compétitivité ont déjà pris les devants, que les entreprises sont déjà dans la coopération et la complémentarité. La crise aurait pu conduire à un repli sur soi, nous avons fait le pari inverse, c’est maintenant que ces choix d’avenir doivent être faits. Nantes et Rennes ont amorcé quelque chose qui aura une suite avec la création d'une conférence permanente qui se réunira chaque année.
La réforme des collectivités qui doit-être présentée en Conseil des ministres le 21 octobre devrait reprendre l'idée de "pôles métropolitains". Où en est l’espace métropolitain Loire-Bretagne ?
Les travaux du comité Balladur avait débouché sur des propositions très concrètes, mais l’avant-projet tel que nous le connaissons est très en retrait. Cette idée de pôles métropolitains remonte à un appel à projets de la Datar, mené en 2004 : Nantes, Rennes, Brest et Angers avait fait une réponse commune autour de l’espace métropolitain Loire-Bretagne. Aujourd’hui cet espace est une réalité qui s’appuie sur des filières d’excellence dans les domaines de la santé, la mer, l’agroalimentaire, les technologies de l'information et de la communication… Malheureusement, ce que je connais du projet de loi est plutôt une coquille vide avec des communautés urbaines améliorées. Il faudra attendre les débats parlementaires.
Propos recueillis par Michel Tendil