"Métiers de l’humain" : l’Uniopss demande une action rapide face à la pénurie de professionnels
Pour l’Uniopss, "il est temps d’agir" pour trouver des solutions face à la crise des "métiers de l’humain" et à la pénurie de professionnels "qui menace l’accompagnement des personnes fragiles et vulnérables". Dans une motion adoptée le 15 juin 2022, le porte-voix des acteurs privés non lucratifs de solidarité demande au président de la République et aux députés nouvellement élus de "se saisir pleinement et rapidement de cette situation".
Parmi les nombreux métiers en tension aujourd’hui, les "métiers de l’humain" - santé, social, médico-social ou encore petite enfance – occupent une place particulière, tant par le caractère spécifique de l’activité – l’accompagnement de personnes fragiles – que par l’ancienneté et la complexité de la situation. Selon une étude publiée en janvier 2022 par la Fehap et Nexem (voir notre article), 5% des emplois seraient vacants dans ces secteurs où les difficultés de recrutement sont structurelles et touchent toutes les professions. Si la problématique des déserts médicaux est désormais bien présente dans les esprits, il existe également désormais un risque de "déserts sociaux", pointaient les départements en février dernier, à la veille de la "conférence des métiers et de l'accompagnement social et médico-social" (voir notre article).
"Pour pouvoir continuer d’accompagner les personnes vulnérables, il est temps d’agir !" Cette fois, le cri d’alarme vient de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux). Lors de son assemblée générale du 15 juin 2022, l’association défendant les acteurs privés non lucratifs de solidarité a adopté une motion "invitant le président de la République et les députés élus le 19 juin à agir face à la pénurie croissante des métiers de l’humain, qui menace l’accompagnement des personnes fragiles et vulnérables".
Le manque de personnels conduit à la fermeture de services
L’Uniopss rappelle qu’elle représente des associations et autres organismes sans but lucratif oeuvrant dans "les champs du grand âge, des handicaps, de l’enfance en danger, du soin et de la lutte contre l’exclusion". Alors que la crise Covid n’est toujours pas achevée, "le sujet le plus préoccupant s’est révélé cette année être la problématique d’attractivité des métiers du social et médico-social", a souligné Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss, lors de l’AG.
L’extension à la filière socio-éducative de la prime de 183 euros annoncée lors de la Conférence des métiers de février 2022 (voir notre article) a certes "permis d’atténuer [l’]injustice ressentie par les personnels de nos associations", selon le président, mais cette mesure n’engloberait pas tous les professionnels du social et tarderait en outre à se concrétiser. Et surtout, cette prime ne suffira pas à régler le problème de l’attractivité selon l’Uniopss. "La situation est devenue catastrophique et certains établissements sont amenés à fermer des services, voire à fermer définitivement la structure", affirme le président du mouvement. Ainsi, pour ce dernier, "c’est une réelle revalorisation des salaires qui est indispensable car une part non négligeable de nos professionnels nous quitte pour d’autres métiers plus avantageux".
Attractivité des métiers : la nécessité d’un espace de dialogue pour activer "tous les leviers"
"Il y a urgence à prendre des mesures permettant de conjuguer la reconnaissance de l’investissement des salariés et la promotion de la qualité de l’accompagnement de chaque usager", exprime l’Uniopss dans sa motion. L’union regrette que "le comité des métiers n’ait pas été mis en place" parce qu’un tel "espace de dialogue" permettrait selon elle "une démarche globale concernant l’attractivité en mobilisant tous les leviers : revalorisation, qualité de vie au travail, formation initiale et continue, etc." Autre demande : la prise en compte, dans les financements publics à venir, de l’inflation qui fragilise encore un peu plus les établissements et services. La motion se conclut par un appel au chef de l’État et aux députés nouvellement élus à "se saisir pleinement et rapidement de cette situation".
L’Uniopss regroupe "des unions régionales ainsi qu’une centaine de fédérations, unions et associations nationales, représentant 25.000 établissements, 750.000 salariés et l’engagement d’un million de bénévoles".