Offre de soins - Maisons de santé : Roselyne Bachelot veut mettre de l'ordre
Tandis que la remise au président de la République du rapport de la commission de concertation sur les missions de l'hôpital, présidée par Gérard Larcher, focalisait l'attention, la ministre de la Santé clôturait, le 9 avril, la dernière journée de restitution nationale des états généraux de l'organisation des soins (Egos). Ceux-ci constituent - avec le rapport Larcher et le rapport Ritter (sur les agences régionales de santé) - le troisième volet du triptyque qui doit alimenter la préparation du projet de loi sur l'organisation des soins, dont le dépôt sur le bureau du Parlement est prévu pour octobre prochain.
Dans son intervention, Roselyne Bachelot est restée discrète sur le contenu du futur projet de loi. Elle a cependant levé un coin du voile sur certaines orientations. La ministre s'est notamment montrée très explicite sur sa volonté d'en finir avec la cacophonie actuelle sur les maisons de santé, qui regroupent plusieurs médecins et paramédicaux libéraux sur un même site, notamment dans les zones à faible densité démographique ou socialement défavorisées. Après avoir confirmé le financement de cent projets de création de telles structures en 2008, elle a indiqué que le gouvernement "veut, dans l'avenir, accompagner et faciliter de tels regroupements" qui ont vocation à devenir les pivots de l'offre de soins de premier recours et doivent favoriser la couverture médicale des territoires les moins peuplés ou les plus fragiles. Mais les modalités de création des maisons de santé devront être sérieusement revues. Pour la ministre de la Santé, "il est inconcevable que trois projets concurrents puissent voir le jour sur un même territoire, l'un financé par le conseil régional, l'autre par une commune et un troisième par l'assurance maladie". Elle entend donc "veiller à assurer la convergence des financements issus de l'Etat, de l'assurance maladie, mais aussi des collectivités locales [...]". L'identification des zones justifiant la création d'une maison de santé devrait revenir aux actuelles missions régionales de santé, puis aux futures agences régionales de santé, selon une méthodologie qui sera définie par le ministère.
L'enjeu est important car les maisons de santé pluridisciplinaires constituent "le substrat nécessaire à une nouvelle organisation du travail" que le projet de loi s'efforcera de promouvoir. Celui-ci devrait en effet accorder une place importante au "partage des compétences". Les lieux d'exercice pluridisciplinaires doivent éviter ainsi l'isolement, favoriser ce partage et permettre aux professionnels libéraux de se "concentrer davantage sur [leur] coeur de métier" et sur leurs savoir-faire spécifiques, tout en offrant à la population une gamme de réponses élargie.
Jean-Noël Escudié / PCA