Industrie - Louis Gallois chargé de préparer le plan de reconquête industrielle
Un "sursaut collectif", c'est ce que souhaite Jean-Marc Ayrault pour mettre fin au décrochage de l'industrie française. Le Premier ministre intervenait devant la Conférence nationale de l'industrie (CNI) le 11 juillet 2012. Une conférence installée en 2010 par Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, à l'issue des Etats généraux de l'Industrie, et destinée à rassembler les douze filières industrielles. Conférence que le Premier ministre souhaite faire évoluer pour "qu'elle joue pleinement son rôle de force de propositions". Il faut dire que depuis plusieurs années, la situation industrielle de la France se dégrade fortement. La part de l'industrie dans la richesse produite a diminué de 30% en dix ans et 750.000 emplois ont été perdus. Et les mesures lancées par le précédent gouvernement n'arrivent pas à endiguer les pertes. Les annonces faites le 12 juillet par PSA Peugeot Citroën ne sont pas faites pous rassurer. Le constructeur français a décidé d'arrêter en 2014 la production de son usine d'Aulnay (Seine-Saint-Denis) qui emploie plus de 3.000 salariés et prévoit un plan global de 8.000 suppressions de postes en France (voir notre encadré).
Pour remédier à cette situation, le gouvernement propose un "grand pacte national pour la croissance, la compétitivité, et l'emploi", nouveau nom donné au plan de reconquête industrielle déjà annoncé par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. C'est Louis Gallois, commissaire général à l'investisseemnt, qui sera chargé de mettre au point ce pacte et de rendre des conclusions dès mi-octobre. "L'heure de l'action est désormais venue", a affirmé le Premier ministre. Plusieurs aspects seront traités. Premier point : la compétitivité des entreprises et derrière cela, la question du coût du travail et du financement de la protection sociale. "Je souhaite que l'ensemble des leviers de la compétitivité soit discuté et cela sans tabou", a souligné Jean-Marc Ayrault, sans évoquer dans les termes une possible hausse de la CSG.
Des guichets régionaux
Autre volet du pacte : le financement des entreprises. Un livret d'épargne industrie va être créé qui sera dédié au financement des PME et des entreprises innovantes. "Le livret épargne industrie a vocation à rapprocher les citoyens de leurs entreprises régionales en drainant l'épargne nationale pour financer l'économie locale", a expliqué Arnaud Montebourg, devant la CNI. La banque publique d'investissement sera aussi là pour traiter le problème du financement des PME. Elle est censée être opérationnelle à la fin de l'année, la mission de préfiguration devant rendre ses conclusions à l'été 2012. Arnaud Montebourg souhaite une déclinaison territoriale de cette banque, à travers des guichets régionaux. "Les décisions doivent être prises sur le terrain, là où on connaît les entreprises et où on peut trouver les solutions, et non remonter systématiquement à Paris, a-t-il signalé, et ces guichets doivent offrir toute la palette de produits aujourd'hui proposée par une myriade d'acteurs publics." Le ministre a précisé également les missions qui seront données à cette banque : accompagner les projets des chefs d'entreprises, financer l'innovation, et s'impliquer dans la gouvernance des entreprises dans lesquelles elle investit.
Le pacte devra par ailleurs intégrer les questions de la maîtrise des ressources énergétiques et des matières premières, et de l'innovation. Dans ce cadre, le ministre propose de poursuivre la politique des pôles de compétitivité, en recentrant l'action de l'Etat sur les pôles les plus prometteurs "sur la base d'évaluations indépendantes" et en organisant leur gouvernance en fonction des besoins : par l'Etat pour les pôles internationaux ou nationaux, par les régions pour les pôles de proximité. Enfin, la promotion de la "marque France" créée par le précédent gouvernement fait partie des actions programmées, avec probablement un système de labellisation, estampillant le "fabriqué en France" et un système de traçabilité sociale et environnementale. "Le chantier qui est devant nous est crucial et déterminera en grande partie l'avenir de notre pays", a souligné le Premier ministre, annonçant qu'une conférence "grand format" serait organisée à l'automne.
Emilie Zapalski
Un pacte automobile présenté en conseil des ministres le 25 juillet 2012
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a demandé le 12 juillet 2012 à la direction de PSA d'engager sans délai une "concertation" pour maintenir une activité industrielle sur tous les sites français. Le constructeur automobile vient d'annoncer la fin de la production de voitures en 2014 à l'usine d'Aulnay (Seine-Saint-Denis), où travaillent plus de 3.000 salariés et prévoit un plan global de 8.000 suppressions de postes en France. C'est "un véritable choc pour tous les salariés du groupe, pour les territoires affectés par ces projets, et plus largement pour l'industrie automobile dans son ensemble", a affirmé Matignon dans un communiqué publié le 12 juillet. La veille, un plan automobile devait être présenté en Conseil des ministres. Mais vu la situation, et le peu de marges de manœuvre dont dispose le gouvernement, la tâche ne sera pas simple. Le Premier ministre a chargé Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, de s'y mettre, et de présenter le 25 juillet un plan de soutien à la filière automobile en Conseil des ministres.
E.Z.