Industrie - Automobile : les élus réclament un protectionnisme vert
"Rendre le marché français plus clairement hostile aux véhicules gros émetteurs de carbone et encombrants" : cette forme de protectionnisme écologique appliquée à l’automobile émane d’un livre blanc publié par l’Association des collectivités sites d’industrie automobile (Acsia). Créée en 2010, cette association qui regroupe une soixantaine de collectivités est présidée depuis lors par un certain Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, réélu le 17 juin député du Doubs, berceau du site de Peugeot… Autant dire que les propositions formulées dans ce livre blanc ont quelques chances d’aboutir.
L’industrie automobile française est "prise en tenailles entre la concurrence allemande qui aborde les marchés par le haut et la concurrence des Peco (pays d'Europe centrale et orientale) et de la Turquie, positionnés sur les petits modèles", constatent les auteurs. Pour enrayer son déclin, les élus proposent "un new deal automobile sous la forme d'un pacte entre collectivités, constructeurs et partenaires sociaux". L’objectif : rendre la filière plus verte en agissant notamment sur le levier fiscal. Le livre blanc préconise aussi de promouvoir la construction de modèles de petite et moyenne gammes, à contrecourant des analyses qui considèrent le haut de gamme comme la planche de salut de l’automobile européenne. Une façon de se détourner du segment des grosses berlines dominé par l’Allemagne pour se concentrer sur une production de "véhicules plus petits, construits sur les plates-formes où les constructeurs français sont encore dans la course". Les auteurs de ce livre blanc entendent aussi "endiguer les risques de délocalisation vers les nouveaux Etats membres de l'Europe en initiant une diplomatie automobile qui promeut la croissance des débouchés locaux au nom du développement durable". Un travail sur les "réglementations vis-vis des normes écologiques à l'importation s'imposera inéluctablement", soulignent-ils.
A travers ses préconisations, l’Acsia compte regagner 500.000 véhicules par an en France.