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Réfugiés - L'Ofpra a reçu 100.000 demandes d'asile en 2017, en hausse de 17%

Alors que le projet de loi sur l'asile et l'immigration s'annonce comme l'un des textes sensibles devant être examinés au premier trimestre, l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) publie ce 8 janvier la synthèse des données 2017 sur l'asile. Le nombre de demandes déposées auprès de l'office a progressé de 17% l'an dernier et franchit ainsi un seuil, pour atteindre le chiffre de 100.412. Celui-ci correspond uniquement aux dossiers enregistrés et n'inclut donc pas les réfugiés qui ont rejoint la France l'an dernier mais n'ont pas encore déposé de demande d'asile. Pour sa part, le nombre de personnes placées sous protection de l'Ofpra au cours de l'année 2017 progresse également de 17%, pour atteindre près de 43.000 personnes.

Une hausse "soutenue", mais pas "un afflux massif"

Pour Pascal Brice, le directeur général de l'Ofpra, il s'agit là d'une hausse "soutenue", mais pas d'"un afflux massif". Toutefois, ce niveau "historique" [...] "confirme que la France figure dans les tout premiers pays de la demande d'asile en Europe". Elle se situe notamment derrière l'Allemagne, qui s'attend à un peu moins de 200.000 dossiers en 2018.
En termes d'origines géographiques, les demandeurs d'asile les plus nombreux sont originaires d'Albanie (7.630 demandes), d'Afghanistan (5.987), d'Haïti (4.934), du Soudan (4.486), de Guinée (3.780) et de Syrie (3.249). L'Ofpra observe, en 2017, "une progression notable de la demande en provenance de pays d'Afrique de l'Ouest comme la Côte d'Ivoire et la Guinée".
En 2017, le taux de protection s'établit à 27% pour l'Ofpra et monte à 36% si l'on prend en compte les décisions d'appel de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA).

Un taux de protection de 95,2% pour la Syrie et de 2,8% pour Haïti

Selon l'Ofpra, la légère baisse par rapport au taux de protection de 28,8% en 2016 (voir notre article ci-dessous du 25 avril 2017) s'explique par le nombre plus important de demandes émanant de pays à faible taux de protection. Ce dernier varie en effet très fortement selon la situation de l'Etat d'origine. Il est en effet de 2,8% pour Haïti et de 6,5% pour l'Albanie, mais monte à 59,6% pour le Soudan, 83,1% pour l'Afghanistan et 95,2% pour la Syrie.
Dans son communiqué, l'Ofpra indique avoir porté une attention plus particulière à certains publics : les femmes victimes de violences, les personnes persécutées en raison de leur orientation sexuelle, les victimes de la traite des êtres humains, les mineurs isolés et les victimes de la torture, "singulièrement dans le contexte des parcours douloureux des demandeurs en Libye". Plus de 6.000 petites filles et jeunes femmes sont ainsi désormais placées sous la protection de l'Ofpra contre le risque de mutilations sexuelles (+14% par rapport à 2016).

Des délais d'attente divisés par plus de deux en un an

Du côté du fonctionnement, les réformes introduites notamment par la loi du 29 juillet 2015 relative à la réforme de l'asile (voir notre article ci-dessous du 22 décembre 2015) et les moyens supplémentaires alloués à l'Ofpra ont fait sentir leurs effets en 2017. Plus de 115.000 décisions ont en effet été prises durant cette année, soit une hausse de près de 30% par rapport à 2016, "ce qui constitue un record historique depuis que la quasi-totalité des demandeurs d'asile ont droit à un entretien".
Conséquence : le délai moyen d'attente pour les demandeurs est tombé à près de trois mois (114 jours), contre 7,4 mois (226 jours) en 2016. Et l'Ofpra "poursuit ses efforts pour atteindre en 2018 l'objectif des deux mois [...], dans le strict respect des droits de chaque demandeur, en veillant à l'expertise des officiers de protection et à la qualité de l'accompagnement des demandeurs d'asile par le monde associatif et les travailleurs sociaux".
Pour cela, L'Ofpra a amplifié ses actions de protection hors de son siège, en menant 55 missions d'instruction temporaires (34 en France et 21 à l'étranger). Une présence permanente a ainsi été organisée à Lyon, Metz et Cayenne (avec également une mission d'instruction à Mayotte), tandis que des missions ont été régulièrement mises sur pied en métropole (Besançon, Bordeaux, Caen, Lille, Nantes, Nice, Rennes, Pau et Perpignan).

Des missions hors des frontières

Par ailleurs, l'Ofpra indique avoir organisé huit nouvelles missions en Europe, en Grèce jusqu'en septembre 2017 et en Italie pour la première fois en novembre 2017. Celles-ci ont permis d'entendre 2.389 personnes dans le cadre de la procédure de relocalisation (Dublin III). L'office a également poursuivi ses missions avec le HCR (13 missions) au bénéfice de réfugiés syriens en Turquie et au Liban (4.221 personnes entendues) et, depuis les mois d'octobre et novembre, au Tchad (230 personnes entendues) et au Niger (72 personnes dont les 25 premiers évacués de Libye par le HCR).
Dans une interview au Journal du Dimanche, le 17 décembre 2017, Pascal Brice affirmait : "Sur l'asile nous devons être totalement irréprochables. Des progrès ont été réalisés. Mais il reste encore des difficultés sérieuses, du point de vue de l'accueil et de l'hébergement, en différents points du territoire, qui doivent être résolues."

 

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