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Tourisme - L'oenotourisme au secours de la viticulture

Le ministère délégué au Tourisme et le ministère de l'Agriculture ont rendu public le rapport demandé à Paul Dubrule sur "L'oenotourisme : une valorisation des produits et du patrimoine vitivinicoles". Cofondateur du groupe Accor, ancien président de la Maison de la France et ancien sénateur-maire de Fontainebleau, Paul Dubrule a présenté lui-même son rapport le 18 avril 2007. A un moment où la viticulture française connaît un certain nombre de difficultés, l'idée directrice est de favoriser des synergies qui bénéficieraient à la fois à l'activité touristique et à la production viticole. L'oenotourisme est déjà une réalité bien établie. Une étude réalisée en 2001 par l'Agence française d'ingénierie touristique (devenue depuis Odit France) estime ainsi à 7,5 millions de personnes, dont 2,5 millions d'étrangers, la fréquentation totale des caves. Les principales clientèles étrangères sont belges (27%), britanniques (21%), allemandes (15%) et néerlandaises (11%), l'Europe - y compris la Suisse - représentant 82% du total. En moyenne, 88% de ces touristes sont aussi des acheteurs : 50% dépensent au moins 78 euros en vins au cours de leur séjour et 25% plus de 150 euros. Les destinations les plus prisées sont le Bordelais (21%), l'Alsace (17%) et la Champagne (12%), suivies par le Languedoc-Roussillon (8%), la vallée du Rhône (6%), le Sud-Ouest autre que Bordelais (6%), le Val-de-Loire (5%) et Provence-Corse (3%).
Face à "un développement prometteur sur fond de crise viticole", le rapport Dubrule formule dix propositions pour mieux tirer parti de ce potentiel. Il s'agit tout d'abord d'élaborer avec les secteurs professionnels, un corpus commun de connaissances et de compétences sur le développement du tourisme vitivinicole dans les vignobles de France et de créer un événement annuel (comme des états généraux de l'oenotourisme) pour fédérer les acteurs. Il s'agit ensuite d'inscrire dans les politiques mises en oeuvre la Convention européenne du paysage et de soutenir l'élaboration de chartes paysagères et de chartes d'accueil, voire d'une charte européenne de l'oenotourisme. Le rapport préconise ensuite de mettre en place une labellisation, en étendant à l'oenotourisme la marque "Qualité Tourisme", et de créer un observatoire de l'oenotourisme. Autre proposition : engager une réflexion nationale sur la création - à Paris - d'un musée de la vigne et du vin. Enfin, le rapport recommande de mettre sur pied une méthode bien identifiée et partenariale (avec les collectivités) d'incitation à projets, de coordonner et de mettre en réseau les projets de tourisme vitivinicole dans un souci d'aménagement du territoire, d'élaborer des référentiels des métiers de l'oenotourisme et de créer des diplômes spécifiques, mais aussi de favoriser les métiers émergeants de coordination et d'animation, permettant de faire vivre de manière durable les dispositifs de développement.

 

Jean-Noël Escudié / PCA