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L'Observatoire des inégalités dresse un portrait mitigé des évolutions en la matière

L'Observatoire des inégalités a publié une nouvelle édition de son "Rapport sur les inégalités en France". Les chiffres concernent en majorité les années 2018 et 2020 et ne prennent donc pas en compte l'impact de la crise sanitaire. Il apporte de nombreuses informations et éclairages innovants sur les grands thèmes qu'il aborde : revenus, taux de pauvreté, éducation, modes de vie, espérance de vie.

Tous les deux ans, l'Observatoire des inégalités publie une nouvelle édition de son "Rapport sur les inégalités en France". Cette nouvelle version – en vente sur le site de l'observatoire au prix de 10 euros – intervient donc exactement deux ans après la précédente (voir notre article du 5 juin 2019). Elle conserve le principe d'une compilation de données tirées de différentes sources – à commencer par l'Insee –, mais avec un éclairage innovant et une interprétation originale de l'observatoire, qui font tout l'intérêt du document et l'ont hissé au rang de référence incontournable sur la question.

Un portrait pointilliste de la France des inégalités

Les données et les chiffres présentés concernent en majorité les années 2018 et 2020 et ne prennent donc pas en compte l'impact de la crise sanitaire, qui semble pour l'instant moins important qu'annoncé, au moins en termes de revenus si on en croit la dernière étude de l'Insee (voir notre article du 28 mai 2021). L'observatoire se demande d'ailleurs "comment rendre compte de la situation de 2021, alors que les chiffres ne seront diffusés par les institutions de la statistique publique que dans plusieurs mois au mieux, ou, pour certains, dans plusieurs années ? L'exercice est d'autant plus malaisé que l'actualité économique et sociale déjoue la lecture des indicateurs habituels du mal-emploi et, même peut-être, de la pauvreté". L'observatoire a toutefois déjà abordé la question de l'impact de la crise sanitaire – au moins sous l'angle monétaire – à travers une autre de ses publications récurrentes, en l'occurrence la seconde édition de son "Rapport sur la pauvreté en France" (voir notre article du 26 novembre 2020).

Sous cette réserve récurrente, le rapport apporte de nombreuses informations sur les cinq grands thèmes qu'il aborde. Il dresse ainsi le portrait d'une France où les inégalités sont loin d'avoir disparu, même si des améliorations existent et que la France est très loin d'être le pays développé le plus inégalitaire. Compte tenu de l'ancienneté de l'exercice (huit éditions déjà parues sous diverses formes), l'un des principaux intérêts du rapport réside dans la mise en avant des évolutions au fil des publications. En matière de revenus par exemple, l'écart entre le niveau de vie moyen des 10% les plus riches et celui des 10% les plus pauvres est le même en 2018 qu'en 2008. Si on raisonne sur 20 ans (1998-2018), il a augmenté de 9.367 euros annuels (en euros courants).

Du mieux et du moins bien

De même, le taux de pauvreté sur l'ensemble de la population est passé de 7,7% en 2009 à 8,2% en 2019, soit 0,5 point supplémentaire, tandis que le taux de pauvreté des 18-29 ans augmentait, sur la même période de 8,2% à 12,5% en 2018, soit une hausse de plus de 50%. L'une des raisons est que, lorsqu'ils travaillent, les jeunes sont de plus en plus souvent, et longtemps, en CDD ou en intérim. Chez les moins de 25 ans, plus d'un sur deux est ainsi en contrat précaire, soit 5,7 points de plus qu'en 2009. Les jeunes apparaissent ainsi comme la catégorie la plus pénalisée au cours des deux dernières décennies. Le diplôme joue également fortement en matière d'emploi, et donc de revenus : 15,8% des non-diplômés sont au chômage, alors que ce taux est divisé par trois pour les détenteurs d'un bac+2.

En matière d'éducation, les inégalités ne se sont pas réduites depuis 15 ans dans l'enseignement supérieur (65% des élèves de grandes écoles d'origine très favorisée contre seulement 8% d'origine défavorisée). En revanche, la part des femmes en formation d'ingénieurs est passée de 22% en 2000-2001 à 28% en 2019-2020.

Les évolutions semblent plus positives sur les modes de vie. Sur le logement par exemple, la proportion de ménages subissant la précarité énergétique a baissé de 1,2 point en six ans pour s'établir à 12%. Elle pourrait encore diminuer avec la lutte engagée contre les passoires thermiques. En politique, la part des femmes maires a gagné six points en 12 ans, même si elle n'est encore que de 20%. Il demeure néanmoins des inégalités fondamentales en termes d'espérance de vie : à 35 ans, un ouvrier peut espérer vivre jusqu'à 77,6 ans, soit six années de moins qu'un cadre supérieur (84 ans)...

 

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