Archives

Economie sociale et solidaire - Lille, ville adoubée par les entrepreneurs sociaux

Lille sort première du baromètre de l'entrepreneuriat social des territoires (Best) présenté le 2 février 2012 à l'occasion du Salon des entrepreneurs. Le baromètre mesure la satisfaction des entrepreneurs sociaux envers les politiques publiques mises en oeuvre et la mobilisation des acteurs de terrain dans ce domaine.

Le premier baromètre de l'entrepreneuriat social des territoires (Best) a été présenté à l'occasion du Salon des entrepreneurs le 2 février 2012, à Paris. Réalisé par CMN Partners, il tend à évaluer les territoires en matière d'entrepreneuriat social. Il est basé sur un sondage auprès des entrepreneurs sociaux, des dirigeants d'entreprise, des cadres de la fonction publique, des seniors et des jeunes, considérés comme ayant un rôle-clé à jouer dans le développement de ces entreprises au sein des territoires.
Dans un premier temps, le baromètre cible les cinq plus grandes aires urbaines que sont Paris, Marseille-Aix-en-Provence, Lyon, Lille et Toulouse. Deux thématiques y sont étudiées : d'un côté la satisfaction des entrepreneurs sociaux envers la politique territoriale (financement, politique d'achat, animation…) ; de l'autre, la mobilisation des parties prenantes locales. Deux approches qui permettent, en questionnant les publics visés, d'aboutir à un classement des villes françaises. Un classement au premier rang duquel se situe Lille. "Lille est très en avance en termes de satisfaction", a ainsi affirmé Pierre-Yves Nury, associé chez CMN Partners. C'est en effet à Lille que les entrepreneurs sociaux consultés sont les plus satisfaits de la politique publique mise en place et de l'implication des parties prenantes locales pour le développement de leur entreprise. Viennent ensuite Marseille-Aix-en-Provence, Paris, Toulouse et Lyon. Mais globalement, "le niveau d'implication est relativement homogène mais toujours en dessous de la moyenne, a détaillé Pierre-Yves Nury. Il y a donc une marge de progression importante pour les politiques publiques".
Le baromètre met aussi en évidence le rôle-clé des régions et agglomérations dans le développement de l'entrepreneuriat social. Elles sont considérées comme les "fers de lance" de ce secteur. Près de 80% des entrepreneurs sociaux considèrent ainsi l'implication des élus locaux comme un élément déterminant pour leur développement et jugent efficace l'action des régions et agglomérations.

"Il faut arriver à montrer notre impact"

Autre enseignement du baromètre : les parties prenantes locales, à savoir les autres populations interrogées (cadres de la fonction publique, jeunes, seniors et dirigeants d'entreprise) considèrent l'entrepreneuriat social comme un élément important pour le développement de leur territoire. Mais cela ne les pousse pas pour autant à passer à l'acte. 40% seulement des cadres de la fonction publique et 45% des dirigeants d'entreprise envisagent ainsi de contribuer directement ou indirectement à une entreprise sociale dans les années à venir.
"Il faut qu'on arrive à démontrer notre impact", a affirmé Arnaud Mourot, directeur général d'Ashoka France, qui fait partie du comité scientifique du baromètre. Et les entrepreneurs sociaux peinent à changer leur image.  "Jusqu'à maintenant, nous avons été extrêmement mauvais sur le faire-savoir", a reconnu Jean-Marc Borello, président du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves). 150.000 emplois pourraient être créés grâce à ce secteur. Le rapport final du baromètre comprenant, outre cette étude sur les cinq grandes aires urbaines, une analyse portant sur les cinq grandes régions (Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Pays-de-la-Loire, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur), sera livré au premier semestre 2012.

Emilie Zapalski

Les 7 engagements du Mouves pour entreprendre autrement
A l'occasion du Salon des entrepreneurs, le Mouves a rendu public son "pacte pour entreprendre autrement", avec sept engagements pour développer l'entrepreneuriat social. Parmi ces engagements : faire en sorte que tous les dispositifs en faveur de l'innovation (incubateurs, crédit d'impôt-recherche, fonds d'amorçage, aides Oséo innovation…), qui mobilisent des milliards d'euros, soient pleinement ouverts à l'innovation sociale et faire intégrer par tous les ministères qui oeuvrent en faveur de l'intérêt général ou de la compétitivité "une unité entreprises sociales légère, réactive et efficace".
Le Mouves souhaite aussi que les 170 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises soient remis à plat et redéployés en fonction de leur efficacité économique et de leur impact social. La mise en place d'un label "entreprise sociale" coconstruit par les pouvoirs publics et assorti d'incitations fiscales pourrait faire partie du lot. Enfin, le mouvement estime que la mise en oeuvre des clauses sociales est encore laborieuse. Elle ne concerne que 1,9% des marchés publics. Un objectif de 25% devrait être ciblé.
Ce pacte sera présenté aux candidats à l'élection présidentielle. Il fera partie du Livre blanc des entrepreneurs sociaux qui doit paraître le 22 mars. Objectif : aboutir en octobre 2012 à un véritable contrat à cinq ans, précis et partagé, prêt à être mis en oeuvre immédiatement. 
E. Z.