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Création d'entreprises - L'APCE missionnée pour l'économie sociale et solidaire

Le secrétaire d'Etat Frédéric Lefebvre charge l'Agence pour la création d'entreprises (APCE) de participer à la promotion de l'entrepreneuriat social. Un choix apprécié par les acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS).

"Ce qui est fait dans le domaine de l'économie sociale et solidaire est exemplaire." Les professionnels des coopératives, des entreprises d'insertion ou du commerce équitable peuvent savourer ce bel enthousiasme : il a été exprimé par le secrétaire d'Etat chargé notamment du commerce, des PME et de la consommation, Frédéric Lefebvre. L'ancien porte-parole de l'UMP était en visite à Pau, le 9 juin, dans une entreprise d'insertion spécialisée dans la numérisation et l'archivage de documents, Step. Et non content de vanter les mérites de cette économie alternative, il a également décidé de faire assurer la promotion et le développement de l'entrepreneuriat social. En choisissant un organisme jusqu'ici plutôt discret en matière d'économie sociale et solidaire (ESS) : l'Agence pour la création d'entreprises (APCE).
Comme l'a révélé son directeur général Alain Belais, l'APCE entend désormais mettre en place un programme d'actions concret, autour de quatre objectifs. Primo, augmenter la connaissance sur ce secteur. Secundo, sensibiliser les réseaux d'accompagnement et le grand public à l'ESS, pour favoriser l'émergence de nouveaux créateurs. Tertio, encourager les porteurs de projets solidaires, au même titre que les autres entrepreneurs. Enfin, favoriser des ponts entre l'ESS et l'économie classique, afin de mieux soutenir les créateurs d'entreprises sociales. D'ores et déjà, le site Internet de l'APCE répond d'ailleurs en partie à ces objectifs, avec un tout nouveau dossier, pratique et pédagogique, sur cette "autre façon d'entreprendre".

Redondance

Mais pourquoi confier la promotion et le développement de l'ESS a un tel organisme, dédié à la création d'entreprises, au sens large ? De l'Avise, qui propose "ingénierie et services pour entreprendre autrement", à France active, "financeur solidaire pour l'emploi", les organismes voués à encourager l'entrepreneuriat social ne manquent pas. Ce 16 juin, l'Atelier, association créée notamment par la région Ile-de-France, vient encore d'annoncer un nouveau dispositif d'appui aux entrepreneurs sociaux… A l'Association des régions de France, la présidente de la commission ESS Marie-Guite Dufay espère, de fait, qu'il "n'y aura pas redondance" avec ces autres acteurs. Néanmoins elle juge "intéressant de missionner sur l'ESS un organisme tel que l'APCE, avec son expertise".
De fait, si l'annonce de Frédéric Lefebvre a pu surprendre certains promoteurs de l'ESS, elle paraît plutôt les ravir. A l'Avise même, le secrétaire général Patrick Geze rappelle que son organisation coopère déjà depuis plusieurs années avec l'APCE. "Elle a une force de frappe importante, et nous disposons d'expérience et de savoir-faire dans le domaine de la création d'entreprises sociales. Notre souhait est de développer encore cette collaboration, pour faire émerger davantage encore d'entrepreneurs sociaux." Au Ceges (Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale), le délégué général Guillaume Légaut souligne lui-même qu'il "était demandé depuis plusieurs mois, au sein du Conseil supérieur de l'ESS, que l'APCE s'engage ainsi en faveur de la création d'entreprise dans notre secteur". Quant au président du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), Jean-Marc Borello, il plaide pour "un accès de nos structures au cadre général plutôt qu'à de micro dispositifs spécialisés".

Logique

Ces figures de l'ESS en profitent donc pour appeler le gouvernement à poursuivre cette logique. "Il serait intéressant que l'outil de financement qu'est Oséo soit mandaté pour soutenir les innovations sociales, et non pas seulement les innovations technologiques", souligne Marie-Guite Dufay. "Le dispositif du crédit d'impôt recherche devrait également profiter à l'innovation sociale", ajoute Jean-Marc Borello, qui suggère que tous ces dispositifs d'aide à l'activité économique "prennent en compte l'intérêt général, en exigeant de leurs bénéficiaires des contreparties économiques, sociales et environnementales". Quant à Guillaume Légaut, il espère globalement que "tous les dispositifs classiques bénéficient aussi à cette économie un peu plus responsable et humaine - en prenant en compte ses caractéristiques propres de finalité sociale, de lucrativité limitée ou de gouvernance collective démocratique". Alors que s'ouvrent ses Etats généraux à Paris, du 17 au 19 juin, l'ESS espère bien ne pas rester en cercle fermé.