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Développement des territoires - Libourne, une identité "péri-métropolitaine" en construction

A quelques encablures de Bordeaux, Libourne cherche à renforcer son identité, non dans une logique de concurrence avec la métropole mais de complémentarité. Pour son maire, Philippe Buisson, la ville et l'agglo doivent jouer le rôle de "trait d'union" entre la métropole et le rural... C'est le sens de son grand projet urbain "Libourne 2025 : la Confluente".

Difficile lorsqu'on est dans l'ombre d'une métropole de se faire une place au soleil. C'est pourtant le pari de Libourne, une "ville intermédiaire" de 26.000 habitants située à 30 km de Bordeaux. Le 1er juillet elle organisait un "atelier péri-métropolitain", le premier du genre en France. Experts, sociologues, urbanistes, élus… plus de 200 personnes venues même de Bordeaux ont phosphoré sur cette notion de "fait péri-métropolitain". "Selon le sociologue Jean Viard, la métropole est la mine du XXIe siècle, c'est le lieu où les gens vont travailler, explique Philippe Buisson, le maire de Libourne et président de la communauté d'agglomération du Libournais (la "Cali"). Il ne sert à rien de pleurer sur le fait métropolitain, c'est une réalité. Mais il ne peut se développer par l'assèchement des territoires périphériques. C'est à ces derniers de se prendre un main, de s'organiser autour." C'est justement ce que la ville veut faire à travers son projet urbain pour la décennie à venir "Libourne 2025 : la Confluente" dévoilé le 1er juillet. Un terme qui évoque la confluence des deux rivières, l'Isle et de la Dordogne, socle de l'identité de Libourne que la municipalité cherche aujourd'hui à raviver, voire à réinventer. "Libourne est une ville centre et non une ville-dortoir contrairement à de nombreuses villes périphériques. Elle possède de nombreuses identités à la fois viticole, de ville bastide, portuaire et même anglaise*. Mais elle porte aussi la problématique des villes intermédiaires situées aux portes d'une forte métropole confortée par la loi Notr", explique le maire. 

Surfer sur la vague de la métropole

Ce besoin de sursaut devient impérieux avec le déploiement de Bordeaux Euratlantique, l'un des plus grands projets d'urbanisme de France, et l'arrivée à l'été 2017 de la ligne à grande vitesse qui mettra Bordeaux à deux heures de la capitale. Libourne veut ainsi "surfer sur la vague de la métropole", et non lui tourner le dos. "Nous voulons être partie prenante du fait métropolitain, pas une ville déversoir pour ceux qui ne pourraient pas se loger dans la métropole bordelaise", poursuit l'édile.
Libourne compte donc s'appuyer sur l'attractivité de Bordeaux tout en jouant à plein son rôle de ville-centre pour l'arrière-pays. Le projet urbain s'articule autour de "l'eau comme fil", "la pierre comme écrin" et "l'espace public comme ressource". Il prévoit ainsi un aménagement des quais et berges sur 10 km le long de l'Isle et de la Dordogne, le développement d'une filière de tourisme fluvial, la lutte contre les friches urbaines, la réhabilitation de casernes ou encore la reconquête du centre-ville... Libourne a ainsi fait l'objet de la toute première convention "centre-ville de demain" signée avec la Caisse des Dépôts le 19 mai. La Caisse s'engage par ce partenariat à mettre à disposition ses moyens de financement en ingénierie, en fonds propres ou en prêts. Elle soutiendra des travaux d'aménagement de voirie et d'assainissement ou encore la réhabilitation d'écoles. Elle financera le programme de requalification de l'habitat et du commerce du cœur de bastide qui, comme de nombreux centres anciens, est confronté à la vacance (1.400 logements vides recensés) et à l'habitat dégradé. Libourne, qui n'a pas d'appellation viticole, veut aussi se redonner une identité dans ce domaine. 

"Faire du muscle" autour de la métropole

"Nous sommes sur un chemin de crête : rester ville centre d'un arrière-pays à la confluence de l'Isle et de la Dordogne et être partie prenante du fait métropolitain", insiste Philippe Buisson. Mais ce rôle vis-à-vis de l'arrière-pays implique aussi d'investir dans les équipements, les infrastructures. C'est l'un des grands enjeux du quartier de la gare : le projet prévoit de réinvestir les friches ferroviaires, d'améliorer le stationnement, l'intermodalité, d'attirer des activités innovantes. Les élus ont dû batailler ferme avec la SNCF pour obtenir le maintien d'une desserte. Même si, pour Philippe Buisson, les relations avec l'opérateur s'apparentent au "rocher de Sisyphe". "Si Libourne est proche de Bordeaux, elle est aussi au centre un bassin de vie de 200.000 habitants plutôt en milieu rural. Il lui faut être ce trait d'union entre les deux." Un rôle que la Cali est amenée à jouer de plus en plus, fort de ses nouvelles compétences découlant de la loi Notre. Au 1er janvier, elle regroupera 46 communes pour 88.000 habitants. Cette volonté de dialogue avec Bordeaux-Métropole se traduira au mois d'octobre par un séminaire au cours duquel seront abordées les questions des transports, de l'alimentation, de l'aménagement du territoire, du tourisme... Philippe Buisson assume son rôle de pionnier du péri-métropolitain. "Il faut se mobiliser pour faire du muscle autour de la métropole", soutient-il. "Jamais il n'y a eu en France autant de liquidités pour financer les projets. Mais il faut ce soient de bons projets et savoir les mettre en cohérence, c'est le travail de l'élu."

Michel Tendil

*Libourne tire son nom de son fondateur, l'Anglais Roger de Leyburn.
 

 

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