Transports - LGV Tours-Bordeaux : signature définitive du plus grand PPP ferroviaire français
Réseau ferré de France (RFF) et la société Lisea pilotée par Vinci ont signé le 16 juin à Paris le contrat de concession pour la LGV Tours-Bordeaux qui mettra en 2017 Bordeaux à deux heures et cinq minutes de Paris, contre trois heures actuellement. D'une durée de 50 ans, le contrat porte sur le financement, la conception, la construction, l'exploitation et la maintenance de la LGV. Longue de 302 km avec 38 km de raccordements vers le réseau ferré classique, l'opération représente un investissement de 7,8 milliards d'euros. Selon les deux partenaires, elle constitue "le plus important partenariat public-privé (PPP) jamais signé dans le domaine ferroviaire en France et l'un des plus importants projets d'infrastructure lancés dans le monde au cours de la dernière décennie".
Premier coup de pioche au premier trimestre 2012
Les actionnaires de la société concessionnaire Lisea sont Vinci Concessions (mandataire) et Vinci SA (33,4%), CDC Infrastructure, filiale de la Caisse des Dépôts (25,4%), Sojas, structure d'investissement dédiée (22%) et des fonds d'investissement infrastructure gérés et conseillés par Axa Private Equity (19,2%). Lisea va contribuer à hauteur de 3,8 milliards d'euros au financement de la LGV, l'Etat, les collectivités locales et l'Union européenne à hauteur de 3 milliards et RFF de 1 milliard. A cette somme, s'ajoutera une facture de 1 milliard à la seule charge de RFF pour les raccordements de la LGV au réseau existant. Le projet bénéficie du soutien sans précédent de la Banque européenne d'investissement (BEI) qui a accordé 1,2 milliard d'euros de prêts, soit son investissement le plus important jamais réalisé en France en 53 ans d'existence et son plus important PPP en Europe.
Lisea sera rémunérée par les redevances liées au trafic versées par les opérateurs utilisant la ligne à grande vitesse, des péages dont le maximum est fixé dans le contrat de concession. Leur évolution future est soumise à l'approbation de l'Araf, autorité de surveillance du ferroviaire.
Le premier coup de pioche devrait intervenir dans le courant du premier trimestre 2012, a précisé Xavier Huillard, PDG de Vinci. Les travaux de construction devraient durer 73 mois, au lieu des 78 prévus à l'origine. Le projet devrait employer en direct à son apogée quelque 4.500 personnes - 1.300 créations d'emplois sont prévues.
Le Premier ministre François Fillon avait assuré le 20 mai dernier que le financement du projet était bouclé, après plusieurs mois de retards causés par les réticences de plusieurs collectivités locales à commencer par la région Poitou-Charentes qui ne fait pas partie du tour de table. Du coup, l'entrée en service devrait se faire mi-2017, au lieu de courant 2016.
"Un moment historique pour l'Aquitaine"
La LGV devrait attirer 4 millions de passagers supplémentaires sur l'axe Paris-Bordeaux, accaparant environ 90% de parts de marché face à l'aérien contre 60% actuellement. Le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, a estimé le 16 juin dans un communiqué que la signature du contrat de concession de la LGV Tours-Bordeaux constituait un "moment historique pour l'Aquitaine, et au-delà, pour le grand Sud-Ouest qui bénéficiera ainsi de la grande vitesse ferroviaire". "Ce projet, massivement attendu par la population, constituera un formidable 'accélérateur de croissance' et procurera d'immenses progrès économiques, sociaux, culturels et environnementaux", a-t-il ajouté. "Pour soutenir ce projet historique, aussi important que le réseau actuel, construit il y a 150 ans, les collectivités territoriales ont accepté de le co-financer (...) à hauteur de montants considérables" (1,5 milliard d'euros), selon le texte qui rappelle que la région Aquitaine, "qui consacre plus de 300 millions d'euros à ce projet, a agi sans relâche depuis de nombreuses années pour sa réalisation".
Pour autant, nuance le communiqué, ce projet ne constitue "qu'une première étape" puisqu'il est "indispensable qu'au-delà de Bordeaux, l'ensemble des territoires du grand Sud-Ouest, d'Hendaye à Toulouse en passant par Pau, bénéficient également de la grande vitesse ferroviaire, dans des délais rapides". Le conseil régional poursuivra "avec ardeur sa mobilisation en faveur des grands projets du Sud-Ouest (GPSO) : Bordeaux-Espagne et Bordeaux-Toulouse, ainsi que la connexion vers le Béarn", conclut le texte.