Transports - Financement des LGV : Midi-Pyrénées prêt à suivre la voie de Poitou-Charentes ?
Le conseil régional de Midi-Pyrénées a approuvé lundi 28 février la participation de la région au financement du premier tronçon de la future ligne à grande vitesse (LGV) vers le Sud-Ouest, malgré l'opposition des écologistes.
Le conseil régional a toutefois âprement négocié sa participation avec les autres partenaires, afin d'entourer de multiples garanties et conditions sa contribution de 102 millions d'euros. Le président Martin Malvy a rapporté avoir menacé jusqu'au bout l'Etat de ne pas soumettre la convention au vote régional. Il a aussi fait ajouter in extremis un amendement stipulant que si le conseil régional de Poitou-Charentes obtenait gain de cause dans une récente démarche auprès de l'Etat, Midi-Pyrénées reviendrait sur son acceptation et leur emboîterait le pas.
La région présidée par Ségolène Royal a en effet décidé le 18 février de ne pas subventionner le tronçon Tours-Bordeaux de la future LGV Sud-Europe Atlantique mais d'accorder un prêt de 95 millions d'euros à l'Etat sous forme d'avances remboursables à certaines conditions (voir ci-contre notre article du 23 février).
Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées font partie des 56 collectivités locales appelées à participer à hauteur d'environ 1,4 milliard d'euros à la future LGV Tours-Bordeaux, qui doit mettre Bordeaux à deux heures de Paris fin 2016 (au lieu de trois actuellement) et dont le coût est chiffré à 6,7 milliards d'euros.
Le conseil régional et les autres collectivités de Midi-Pyrénées sont sollicités dans la mesure où Tours-Bordeaux doit ensuite être prolongé vers Toulouse, mettant la capitale régionale à trois heures de Paris en 2020, contre environ cinq heures vingt aujourd'hui.
"La convention approuvée par la région - et qui a d’ores et déjà été approuvée par la communauté urbaine du Grand Toulouse et par le conseil général de Haute-Garonne - répond aux exigences des collectivités de Midi-Pyrénées", a souligné Martin Malvy à l’issue du vote. Et celui-ci de préciser que cette convention prévoit que la région ne versera "que 60 à 70% des 102 millions qui constituent [sa] participation et que le pourcentage restant ne sera acquis à l’Etat qu’au premier coup de pioche des travaux du tronçon Bordeaux-Toulouse". En notant également que "la TIPP-Grenelle, en apportant 210 millions d'euros à la région d’ici à 2017, couvre cet investissement".
Ne pas rester la seule grande ville à 4 heures de Paris
Martin Malvy a également souligné que "l’aménagement de la voie actuelle ne répondrait pas aux besoins" : "Alors que la quasi totalité des métropoles régionales se situera bientôt à moins de 3 heures de Paris en TGV, que serait l’avenir de notre région si Toulouse restait la seule grande ville de France desservie en près de 4 heures comme certains le réclament ?" Il répondait ainsi notamment à la position des élus régionaux Europe Ecologie – Les Verts qui préconisent précisément un simple "réaménagement des lignes existantes" : "A ce jour, le projet de LGV Bordeaux-Toulouse est estimé au minimum à 5.2 milliards d'euros alors que l'aménagement défendu par Europe Ecologie représente au plus un milliard avec un différentiel temps sur le trajet Paris-Toulouse de trente minutes. Il est inacceptable pour un gain de temps aussi infime de dépouiller notre collectivité au dépens de ses propres compétences", considèrent-ils.
Le programme de construction de lignes ferroviaires à grande vitesse du gouvernement continue donc en tout cas de faire des remous. Et ce, malgré l'assurance affichée par la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet : "Je pense que c'est finançable. Regardez comment on fait sur le Paris-Strasbourg ! On y arrive. (...) On demande des participations aux collectivités territoriales, parce que ça leur permet, à elles, de se développer. C'est du partenariat bien compris", affirme-t-elle.
Le débat a de surcroît pris une nouvelle tournure avec l'avalanche d'incidents au début de l'hiver, qui a confirmé qu'une bonne partie du réseau ferroviaire actuel était en piteux état. Le député de la Drôme, Hervé Mariton, explique qu'il comptait obtenir une réduction des ambitions du Schéma national des infrastructures de transport, dans lequel "il y a un trop grand linéaire de lignes nouvelles"... tandis que le gouvernement continue de vouloir à la fois construire des LGV et rénover le réseau. "Qui serions-nous si nous laissions aux générations futures quelques milliers de kilomètres de ligne à grande vitesse, et, à côté, 30.000 km de voies non entretenues à reconstruire ?", a ainsi plaidé début février François Fillon sur le chantier de la LGV Rhin-Rhône.