Mobilité - Les transports toujours en quête de nouvelles ressources
Quelles solutions pour financer les politiques de mobilité ? Le sujet, qui fait de plus en plus figure de serpent de mer, était à l'ordre du jour des 23es Rencontres Transports et Mobilité qui se sont tenues le 8 novembre à Paris. Jean-Pierre Farandou, président du groupe Keolis et de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP), a une fois de plus alerté sur l'"effet de ciseau redoutable" auquel font face les réseaux de transport à propos du ratio recettes usagers/dépenses à engager. "Il y a 20 ans, l'usager payait 50% du prix du billet. Aujourd'hui, il n'en paie plus que 30% et le contribuable 70% alors que nous sommes face à une demande de transports qui ne cesse de croître."
Tarification
Philippe Duron, président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) et député PS du Calvados, a convenu qu'il fallait mener un travail sur la tarification, pour que l'usager des transports publics paie une part plus importante de son trajet que les 30% actuels et retrouver "un taux de couverture de 50%". "Pour ce qui est de l'Etat", il faudra, pour financer les infrastructures, "dès 2017, 2,8 milliards (d'euros), et à partir de 2019, 3 milliards, et cela pour au moins trois ou quatre années", a-t-il estimé. Le financement de l'Etat en faveur du secteur "représente 0,94% du PIB, ce qui est plutôt bien par comparaison à d'autres pays européens", a-t-il commenté. Néanmoins, "on a pris du retard en matière ferroviaire pour remettre à niveau le réseau classique délaissé pendant les années du tout TGV et notre réseau routier se dégrade". Il y a donc un "besoin de financement supplémentaire", a-t-il appuyé.
Des ressources type redevance
L'écotaxe, abandonnée par le gouvernement, devait apporter 800 millions d'euros chaque année à l'Afitf. Une hausse de 2 centimes de la taxe sur le gazole (TICPE) est donc entrée en vigueur en 2015, permettant la mobilisation d'"1,136 milliard pour l'Afitf", a salué Philippe Duron. L'agence a dû cependant s'acquitter de l'indemnisation à Ecomouv, société chargée de la collecte de l'écotaxe, ce qui représentait "500 millions cash et 500 millions en 10 ans", a-t-il souligné, déplorant que "l'année suivante, Bercy (ait) dit 'vous n'avez pas à payer deux fois l'indemnisation d'Ecoumouv', on va vous faire une réfraction d'un peu plus de 400 millions'".
Ainsi, selon lui, "pour arriver à trois milliards", l'Afitf a de nouveau besoin de deux centimes supplémentaires sur le gazole, option retenue pour l'Ile-de-France uniquement dans le projet de loi de finances pour 2017, mais destinée au syndicat des transports de la région (Stif).
Le président de l'Afitf a également évoqué "d'autres ressources, pas des ressources budgétaires, mais des ressources type redevance", comme la taxe carbone, écartée par Bercy, ou l'instauration d'une vignette, pour les poids lourds ou l'ensemble des véhicules, qui pourrait rapporter "3 milliards d'euros par an". Il a avancé d'autres pistes, comme "l'amélioration "des performances de nos systèmes de transport", ou la réalisation de certains travaux en partenariat public privé. Il a également plaidé pour "une loi de planification à 15 ans et une loi de programmation à 5 ans".