Tourisme - Les secrets de l'Auvergne pour faire face à la crise
Alors que le secteur du tourisme est fortement touché par la crise et que les Français affichent à la fois un moindre taux de départ en vacances et un budget plus serré, l'Auvergne présente des résultats insolents. Une étude réalisée conjointement par le comité régional de développement touristique d'Auvergne (CRDT) et par le Système permanent d'observation du tourisme en Auvergne (Spot) montre en effet un très fort dynamisme de ce secteur. Reposant sur les réponses de 450 professionnels des quatre départements auvergnats - représentant à la fois l'hébergement, les restaurants et les loisirs -, elle confirme les "scores records" de la saison d'hiver. Le nombre de journées-skieurs dans la région a en effet progressé de 49% par rapport à la saison précédente, alors que la Savoie et la Haute-Savoie - destinations phares pour les sports d'hiver - ne progressaient que de 1% et 3% (voir notre article ci-contre du 24 avril 2009).
Les résultats s'annoncent tout aussi bons pour la saison de printemps. Ainsi, 58% des répondants se déclarent satisfaits ou très satisfaits de l'activité au mois de mai et un quart des responsables d'hébergement font même état d'un chiffre d'affaires en hausse de plus de 5%. Pour cet été, 57% des professionnels interrogés se disent d'ores et déjà satisfaits ou très satisfaits des perspectives d'activité. Il est vrai que 60% des répondants signalent des réservations stables ou en hausse par rapport à la même période de l'an dernier. D'autres indices témoignent de cette progression de l'activité touristique. Les deux principaux parcs de loisirs de la région - Vulcania et le PAL (Parc d'attractions et de loisirs) - ont ainsi connu, au mois de mai, une hausse de fréquentation de 10 et 20%. Conséquence de ces évolutions convergentes : l'Auvergne progresse dans le classement des régions touristiques françaises. En 2008, elle est notamment rentrée pour la première fois dans le Top 10 des régions affichant la plus forte fréquentation touristique, gagnant ainsi deux places depuis 2002 et quatre depuis 1999. Cette évolution est d'autant plus à souligner que d'autres régions sans littoral stagnent (Bourgogne, Franche-Comté et Limousin) ou régressent (Centre et Midi-Pyrénées). Cette situation permet à l'Auvergne de devenir la première région sans littoral en termes de nuitées touristiques par habitant.
Cette réussite a plusieurs causes. La plus immédiate est bien sûr la crise économique. Favorisée par sa position centrale et pratiquant des prix modérés, l'Auvergne constitue un choix intéressant pour les touristes français (85% de la clientèle) en quête de séjours de vacances moins coûteux. Le retour des touristes en provenance des pays limitrophes de la France (Allemagne, Belgique et Suisse) relève de la même explication. Le goût croissant pour des vacances "naturelles" dans des espaces préservés favorise également des régions comme l'Auvergne.
Mais les bons résultats de la région résultent aussi d'une politique volontariste. Considérant le tourisme comme un axe de développement à part entière et un important vecteur d'emplois, les collectivités soutiennent depuis plusieurs années les efforts des professionnels. Elles ont ainsi accompagné la montée en gamme et l'amélioration de la qualité de l'offre d'hébergement et favorisé le développement de modes d'accueil en phase avec le cadre naturel (petits hôtels, auberges, chambres d'hôtes, gîtes ruraux...), autour du concept "Nattitude" (positionnement nature). La région a également mis sur pied un important programme de formation des acteurs du tourisme et a apporté un soutien sans faille - et coûteux - à Vulcania, qui semble sortir de ses difficultés de départ. Le tout a été relayé par des campagnes de communication efficaces et inscrites dans la durée.
Jean-Noël Escudié / PCA