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Social - Les régions ne sont pas égales devant la pauvreté

S'appuyant notamment sur la dernière édition de l'Insee sur "La France et ses régions", l'Observatoire des inégalités publie une étude sur la pauvreté dans les régions. Celle-ci fait apparaître des écarts importants. Sur l'ensemble de la métropole, le taux de pauvreté monétaire moyen était ainsi de 13,1% en 2006. Cet indicateur correspond aux personnes disposant d'un niveau de vie égal ou inférieur à 60% du niveau de vie médian, soit 880 euros par mois en 2006. Le pourcentage national recouvre toutefois de forts écarts entre régions. Ainsi, le taux de pauvreté monétaire était de 10,3% en Alsace, mais de 19,3% en Corse. Globalement, les régions bénéficiant des taux les plus faibles se situent sur un axe allant de la Bretagne à l'Alsace (avec en plus Rhône-Alpes), tandis que les régions situées au nord et au sud de cet axe affichent des taux plus élevés. En dehors de la Corse, les deux régions connaissant les taux de pauvreté les plus importants sont ainsi le Nord-Pas-de-Calais (18%) et le Languedoc-Roussillon (18,3%).
Les chiffres de l'Insee montrent une corrélation assez nette entre le taux de pauvreté et l'intensité des inégalités (calculée sur la base de l'indice de Gini), à une exception près : l'Ile-de-France, qui affiche à la fois une intensité des inégalités très supérieure à la moyenne nationale et un taux de pauvreté monétaire relativement faible (12,3%). Autre corrélation très nette et pas vraiment surprenante : la carte de la pauvreté monétaire - liée mécaniquement à la composition et au revenu des ménages - recoupe très largement celle du chômage. Ainsi, en 2006, le taux de chômage dépassait 18% dans les trois régions connaissant le plus fort taux de pauvreté. D'autres éléments engendrent aussi des écarts importants et expliquent une part des différences entre régions. C'est le cas, entre autres, du sexe, de l'âge ou de la nationalité. Sur la période considérée, les jeunes ont été particulièrement pénalisés. Alors qu'entre 2002 et 2007, l'évolution du revenu maximum des 10% les plus pauvres a été positive dans toutes les régions pour la tranche d'âge de 50 à 59 ans (de +15,7% en Bretagne à +42,3% en Corse), la situation est très erratique sur les moins de 30 ans. L'évolution constatée va ainsi de -35,2% dans le Nord-Pas-de-Calais et -30,1% en Champagne-Ardenne à +27,7% en Paca et +42,3% en Corse. La typologie de la pauvreté est dès lors très différente d'une région à l'autre. Les chiffres de l'Insee permettent ainsi de distinguer une pauvreté de jeunes et d'actifs en Languedoc-Roussillon et dans le Nord-Pas-de-Calais, et une pauvreté de retraités dans les zones rurales du sud de la France.

Redistribution et travailleurs pauvres

La monographie de l'Insee sur les profils de régions et de départements en matière de pauvreté apporte également deux autres informations intéressantes. Elle montre tout d'abord les effets positifs de la redistribution. Sur l'ensemble de la métropole, celle-ci permet de faire passer le taux de pauvreté de 18,9% (avant redistribution) à 13,2% (après redistribution), soit une diminution de 5,7 points. Mais cette réduction peut être plus importante dans les régions les plus touchées par la pauvreté : 7,7 points dans le Nord-Pas-de-Calais, 7,6 en Corse, 6,5 en Picardie et 6,1 en Basse-Normandie. La seconde information concerne les travailleurs pauvres. L'Insee estime leur nombre en métropole à 1,71 million en 2006, ce qui représente 7% de l'ensemble des salariés et montre - au passage - qu'il reste encore des marges de progression pour le revenu de solidarité active (RSA). Mais ce taux présente, lui aussi, de fortes disparités régionales, en lien direct avec le taux de pauvreté monétaire. Si la proportion de travailleurs pauvres n'est que de 5% en Alsace et en Bretagne et de 6% en Ile-de-France, en Rhône-Alpes ou dans les Pays-de-la-Loire, elle grimpe à 9% en Basse-Normandie, Limousin, Midi-Pyrénées et Picardie et atteint même le chiffre record de 11% en Languedoc-Roussillon.