Coopération intercommunale - Les pôles métropolitains n'entendent pas ajouter une couche au "millefeuille" administratif
Voilà une structure qui a priori, s'agissant de sa politique de ressources humaines, a tout pour plaire à la Cour des comptes… Les pôles métropolitains créés par la loi de réforme des collectivités territoriales n'envisagent pas de recruter une cohorte de fonctionnaires. Ils se contentent généralement d'un directeur et de son assistante. Le pôle métropolitain réunissant les agglomérations de Lyon, Saint-Etienne, Bourgoin-Jallieu et Vienne (soit 2 millions d'habitants) adjoint à ce duo deux chargés de mission. "On ne peut pas compter seulement sur la bonne volonté des élus et des cadres des collectivités. Il est incontournable d'avoir un minimum d'ingénierie", explique Alain Cottalorda, président de la communauté d'agglomération des Portes de l'Isère. Ces petites cellules chargées d'un rôle d'animation s'appuient, néanmoins, sur une expertise externe, le plus souvent celle des agences d'urbanisme.
S'il est sans doute économe des deniers publics, ce travail en réseau privilégié à l'existence d'une administration bien identifiée, n'entraînera-t-il pas un manque de lisibilité des pôles métropolitains vis-à-vis des citoyens ? Peut-être. Mais les élus ne s'en inquiètent pas. L'essentiel n'est-il pas d'agir pour régler les problèmes que les habitants rencontrent dans leur vie quotidienne ? "C'est ce qu'ils nous demandent", fait remarquer Patrick Braouezec, président de la communauté d'agglomération Plaine commune et du syndicat mixte d'études Paris métropole. "Dans le domaine des transports en particulier, il y a un véritable enjeu qui consiste à simplifier la vie de nos concitoyens", ajoute Alain Cottalorda.
D'abord informer les élus
Si elle s'avère efficace, parce que répondant aux besoins de la population, l'action des pôles métropolitains aura des chances d'être connue. Mais les élus ne font pas de cette question de la connaissance de l'institution une priorité absolue. Avec réalisme, Patrice Yung, président délégué de la communauté d'agglomération Seine-Eure rappelle qu'avec ses pairs, il n'a même pas encore réussi à "faire comprendre à la population ce que sont les communautés de communes et d'agglomération". "Que les citoyens aient d'abord en tête qu'ils vont bientôt élire leurs conseillers communautaires", poursuit-il. Alain Cottalorda est du même avis : "Il est prématuré d'expliquer notre construction aux habitants. Ne courrons pas au casse-pipe !" De fait, les ambitions du pôle métropolitain des régions lyonnaise et stéphanoise ne sont pas démesurées dans ce domaine de la communication. "Si on arrive à informer les élus, ainsi que les acteurs économiques et associatifs, on aura déjà fait beaucoup", souligne le président de la communauté d'agglomération Portes de l'Isère.
Ces propos laissent toutefois perplexe un adjoint au maire de Clermont-Ferrand. "A l'occasion des élections municipales de 2014, les candidats devront s'engager sur les pôles métropolitains et faire la clarté vis-à-vis des citoyens", estime-t-il.
Premiers pôles : un champ d'intervention encore mal défini
18 mois après la promulgation de la loi de réforme des collectivités territoriales, 5 pôles métropolitains ont vu le jour. Il s'agit des pôles de Strasbourg-Mulhouse, du Sillon lorrain, de CREA Seine-Eure, du Pays de Brest, ainsi que du pôle regroupant la communauté urbaine de Lyon, la communauté d'agglomération de Saint-Etienne, la communauté d'agglomération Portes de l'Isère et celle du Pays viennois. 4 autres pôles métropolitains ont déposé leurs statuts en préfecture : Espace métropolitain Loire-Bretagne, Scot Nantes-Saint-Nazaire, Nîmes-Alès et Centre Franche-Comté (autour de la communauté d'agglomération du Grand Besançon).
Ces pôles métropolitains correspondent à des territoires très différents par leur taille. Ils ont cependant un point commun : la relative prudence dont font preuve, pour l'instant, leurs dirigeants. "Les statuts des nouvelles structures ne donnent guère de détails sur l'intérêt métropolitain et peu de précisions sont apportées concernant les compétences qui pourraient être déléguées aux pôles métropolitains", conclut une étude rendue publique ce 4 juillet.
T.B.