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Territoires - Pôle métropolitains : l'outil d'avenir pour le dialogue entre espaces urbains et périurbains ?

Nés avec la loi du 16 décembre 2010, les pôles métropolitains peuvent constituer d'utiles lieux de dialogue entre espaces urbains et périurbains, ont constaté le 16 mars à Paris les participants d'un colloque organisé par l'Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF).

Les pôles métropolitains ont peu fait parler d'eux jusqu'à présent. Pourtant, ils sont en passe de devenir le "dispositif à succès" de la loi de réforme des collectivités, a analysé Pascal Fortoul, président de l'Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF), lors d'un colloque organisé le 16 mars à Paris.
Selon la loi, le pôle métropolitain est un établissement public regroupant au moins 300.000 habitants, créé volontairement par des intercommunalités, dont une doit compter au moins 150.000 habitants. Au sein de ce syndicat mixte, les élus intercommunaux sont appelés à développer des projets d'intérêt commun dans les domaines du développement économique, de la promotion de l'innovation, de la recherche, de l'enseignement supérieur et de la culture, de l'aménagement de l'espace et du développement des infrastructures et des services de transport.
Plus d'une quinzaine de pôles métropolitains sont déjà en projet, alors que du côté des métropoles, autre institution à laquelle la réforme des collectivités a donné naissance, rien ne bouge ou presque. La raison de ce succès ? La souplesse d'un outil, fait aussi bien pour "regrouper des communautés distantes de plusieurs dizaines de kilomètres, ou pour permettre la coopération d'une agglomération avec son pourtour immédiat", analyse Nicolas Portier, délégué général de l'Assemblée des communautés de France (ADCF).
S'il séduit, ce concept n'est cependant absolument pas "révolutionnaire", puisqu'il s'inscrit dans la continuité des réseaux de villes mis en place dans les années 1990. Sa reconnaissance par la loi lui donne simplement "un cadre formel lui assurant une meilleure prise en compte par les grandes agences et les administrations centrales", explique Nicolas Portier.
Les agglomérations de Lyon, Saint-Etienne, du Nord-Isère et de Vienne n'ont ainsi pas attendu l'hiver 2010 pour réunir leurs forces. Travaillant à leur rapprochement depuis trois ans déjà, elles comptent constituer un pôle métropolitain à la fin de l'année. "Ce ne sont pas les départements, mais les grandes métropoles, qui ont de la lisibilité pour exister à l'autre bout du monde", déclare Alain Cottalorda, président de la communauté d'agglomération des Portes de l'Isère. Avec ses 2 millions d'habitants, le nouveau pôle va peser un budget de 2,2 milliards d'euros, soit "presque celui de la région Rhône-Alpes".
De même, le pôle métropolitain est une "piste à creuser" afin d'approfondir la collaboration entre la communauté urbaine de Nantes et sa voisine, la communauté de communes d'Erdre et Gèvres, assure Dominique Garnier, DGS de cette communauté. Un espace de dialogue entre la grande agglomération de l'Ouest de la France et sa périphérie est en effet indispensable, puisque c'est le territoire de cette dernière qui va accueillir en 2017, à Notre-Dame-des Landes, l'aéroport de la région.
Patrick Plantier, DGS de la communauté de communes Touraine Nord Ouest située aux marges de l'agglomération de Tours, voit lui aussi des motifs d'espoir dans le pôle métropolitain. C'est "la possibilité de sortir de l'indifférence entre l'agglomération et l'espace périrubain et aussi de la peur de voir le centre bouffer la périphérie".
Mais des intercommunalités peuvent-elles se contenter ad vitam aeternam de faire de la coopération sans aller plus loin ? Pour Patrick Plantier, la réponse est négative. "Il faudra une évolution juridique notamment en matière fiscale pour une plus grande intégration". "Etant un lieu de dialogue avec l'espace périurbain, le pôle métropolitain peut permettre une extension de l'agglomération avant une intégration", estime de son côté Nicolas Portier.