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Développement des territoires - Les "métropolitaines" veulent inscrire la métropolisation à l'agenda politique français

Si la métropolisation est sur toute les lèvres, elle tarde à s'organiser face aux problèmes d'aménagement qu'elle suscite. C'est en partant de ce constat que "les métropolitaines", un collectif pluraliste composé de personnalités de tous horizons, viennent de voir le jour.

Inscrire enfin la métropolisation à l'agenda politique français. Tel est l'objectif poursuivi par le collectif "les métropolitaines", nouvellement créé à l'initiative de Vincent Feltesse, maire de Blanquefort et président de la Communauté urbaine de Bordeaux et d'Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit. Le groupe est parti d'un postulat : "Le décalage entre une réalité de tous les jours, celle d'une métropolisation, et un déficit de représentation institutionnelle, politique et médiatique de cette thématique", a expliqué Vincent Feltesse, à l'occasion de la présentation du collectif à la presse le 19 janvier 2011. D'où l'idée de créer ce club des métropolitaines pour réaliser un "militantisme métropolitain", selon l'expression du maire de Blanquefort, à coup de colloques (trois sont prévus en 2011) et de débats publics. Des personnalités de tous ordres, architectes, philosophes, élus, composent le club, parmi lesquelles, Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine, Annie Guillemot, maire de Bron, et vice-présidente de la Communauté urbaine de Lyon, ou encore Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, chargé de Paris Métropole. "Depuis une dizaine d'années, on essaie de se débrouiller et d'inventer quelque chose dans ce domaine avec douleurs et en tâtonnant, avoue Pierre Mansat, le fait d'avoir un club, au niveau national, aurait pu nous faire gagner du temps."

Le phénomène d'urbanisation

Le processus de métropolisation est un phénomène en pleine croissance mais qui peut avoir quantité de conséquences négatives s'il n'est pas contrôlé, rappelle le collectif : étalement urbain, augmentations des trajets et des temps de transports, urbanisme commercial anarchique, etc. Et malgré la création des métropoles et des pôles métropolitains par la réforme des collectivités territoriales du 16 décembre 2010, la France accuse encore un retard important en matière d'organisation. Aujourd'hui, environ huit Français sur dix vivent en ville, estime le collectif. L'urbanisation se fait au profit des principales aires urbaines : entre 1999 et 2008, huit d'entre elles ont ainsi absorbé plus de la moitié de la croissance démographique française. De son côté, l'Insee identifie en France douze aires métropolitaines (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice, Nantes, Strasbourg, Rennes, Grenoble et Montpellier) dont la population est supérieure à 500.000 habitants et qui accueillent près de la moitié de la population et de l'emploi, et les trois quarts des cadres des fonctions métropolitaines. 29 grandes aires urbaines (plus de 200.000 habitants), représentant environ 20% de la population et de l'emploi en France, sont également mises en exergue par l'Insee. Pourtant, "le fait urbain reste nettement sous-estimé et la place faite au problème de la métropolisation demeure marginale dans le débat public national", déplore le collectif. Une métropolisation qu'il faut toutefois penser et organiser, au-delà des schémas de compétitivité mondiale plus évidents à mettre en avant. "Est-ce qu'on va vers une métropole forcée ou plus citoyenne ?", a ainsi questionné Vincent Feltesse, conscient toutefois de cette logique axée sur la compétition des métropoles. "On est tous dans cette logique-là mais elle a pourtant ses limites."

Faire émerger une vision globale

Au cœur de leurs préoccupations : faire émerger une vision globale qui puisse "organiser le territoire en question pour qu'il devienne confortable pour ses habitants, a détaillé Frédéric Bonnet, architecte-paysagiste, une vision en l'absence de laquelle la ville est souvent subie par défaut". Mais le problème principal pour la définition d'une telle vision est l'absence de politique transversale. D'une part, "on a une individualisation de chaque commune, a expliqué Cristina Conrad, architecte et présidente des architectes-conseils de l'Etat, la rivalité est telle qu'elle en devient négative." Et quand une organisation plus transversale tente de se mettre en place, pour prendre en compte les problèmes de logement, transport, emploi, "on est accusé de rentrer en concurrence avec les politiques sectorielles", a expliqué Mireille Ferri, vice-présidente de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Ile-de-France et vice-présidente du conseil régional. Le secteur transversal, donc le territoire, est celui qui arrive toujours après et qui n'a jamais de moyens propres." Autre problème : l'intercommunalité qui ne tient pas ses promesses. "Cela fait des années qu'on en parle, mais ça ne fonctionne pas", a ainsi souligné Cristina Conrad, tandis qu'Olivier Mongin affirme qu'elle "n'a pas fait bouger les choses". Une chose est sûre : la question de la métropolisation n'a pas fini de faire parler. Il y a quelques jours, l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) a proposé à l'Association des communautés urbaines de France (Acuf), l'Association des communautés de France (AdCF) et à Ville et Banlieue, d'engager un travail collectif, éventuellement dans le cadre d'une structure commune, sur le fait urbain.  

 

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