Santé - Les maires et leurs adjoints largement favorables à la réforme des hôpitaux
A la demande de la Fédération hospitalière de France (FHF), de la Caisse d'Epargne et du quotidien Les Echos, l'Ifop a interrogé un échantillon de maires et d'adjoints aux maires sur la réforme hospitalière. Les résultats traduisent une très large adhésion aux grandes orientations de la réforme, qui doit se concrétiser dans le projet de loi "Patients, santé et territoires". Ainsi, 84% des maires se déclarent favorables à la mise en place des "communautés hospitalières de territoire", qui doivent rassembler les petits hôpitaux autour d'un centre hospitalier général et les amener à spécialiser leur activité (31% de très favorables et 53% de plutôt favorables).
Plus surprenant si l'on songe à la mobilisation des élus locaux pour sauver leurs services de court séjour menacés par les restructurations hospitalières, 78% des maires se prononcent pour la reconversion de certains hôpitaux en centres de soins de proximité (41% de très favorables et 37% de plutôt favorables). Reconversion et non pas suppression : à 91%, ils estiment en effet nécessaire de maintenir les hôpitaux de proximité.
Les maires sont tout aussi favorables, à 71%, au renforcement des pouvoirs des directeurs d'hôpitaux, qui se fait pourtant au détriment... des maires présidents de conseils d'administration (20% de très favorables et 51% de plutôt favorables). Une attitude qui peut toutefois se comprendre alors que, selon la FHF, les hôpitaux publics devraient accumuler près d'un milliard d'euros de déficit en 2008.
Les maires sont également attachés à l'égalité des charges entre le public et le privé. Ils plébiscitent ainsi, à 84%, l'incitation à la prise en charge des missions de service public par les établissements privés (50% de très favorables et 34% de plutôt favorables).
Si les maires sont très attachés à leur hôpital (82% d'entre eux jugent que leur hôpital ou l'établissement le plus proche est très satisfaisant et a bonne réputation), ils ne sont cependant pas dupes de l'influence qu'ils y exercent : 84% d'entre eux estiment avoir peu de pouvoir de décision, tout en se sentant, à 60%, responsables de la qualité de l'offre de soins.
Interrogés sur les difficultés à résoudre en priorité, ils citent notamment la disparition de certaines spécialités dans les hôpitaux de proximité (50%), la mauvaise permanence des soins de ville qui pèse sur les urgences (47%) et la répartition déséquilibrée des personnels de santé sur le territoire (45%). Près des deux tiers d'entre eux (62%) se déclarent d'ailleurs tout à fait ou plutôt favorables à l'idée de réduire la liberté d'installation par la mise en place de mesures coercitives.
Si le futur projet de loi recueille ainsi un large satisfecit (même si les clivages politiques sont très présents dans les réponses), il est toutefois un argument abondamment utilisé par le gouvernement pour justifier les restructurations qui ne passe pas auprès des maires : 67% d'entre eux estiment en effet que le risque d'erreur ou d'accident médical n'est pas plus élevé dans les hôpitaux de petite taille.
Jean-Noël Escudié / PCA
Référence : étude réalisée par téléphone du 26 mai au 2 juin 2008 auprès d'un échantillon de 302 maires et adjoints au maire, représentatif de l'ensemble des villes de France.