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Logement - Les locataires du parc privé supportent le taux d'effort le plus important

Dans le cadre de l'édition 2011 de son ouvrage "Les revenus et le patrimoine des ménages", l'Insee consacre un chapitre au taux d'effort des ménages en matière de logement. L'étude porte sur l'année 2007 mais, compte tenu du caractère très progressif des évolutions en la matière, elle offre des éclairages toujours d'actualité. Le taux d'effort, étudié par l'Insee, correspond au rapport entre les dépenses engagées par un ménage pour son habitation principale (en location ou en accession) et son revenu disponible. Ce taux d'effort peut être brut ou net, selon que l'on prend ou non en compte les diverses aides au logement.

Un taux d'effort brut du simple au double

Certains résultats confirment ce que le sens commun laissait entrevoir. Ainsi, il apparaît que le taux d'effort en matière de logement est plus élevé pour les ménages modestes, et cela dans des proportions importantes. Pour les 25% de ménages les plus modestes locataires du secteur privé, le taux d'effort brut médian (autrement dit hors aides au logement) est de 48% du revenu disponible, alors que les 25% de ménages les plus aisés affichent un taux d'effort deux fois moindre (24%). Pour les locataires du parc social, le rapport entre les deux quartiles est également de un à deux, mais le poids du logement dans les revenus des ménages modestes est moins important, puisqu'il se situe à 39%. Pour les accédants, l'évaluation est plus complexe, dans la mesure où le taux d'effort diminue avec l'ancienneté de la date d'achat de la résidence principale. Les plus avantagés restent toutefois les ménages propriétaires ayant remboursé leurs emprunts : leur taux d'effort médian est en effet de 18% pour le quartile des ménages les plus modestes et de 9% pour celui des plus aisés.

L'effet redistributif des aides au logement

Les aides au logement - soumises à condition de ressources - permettent d'alléger l'effort des foyers à revenus modestes. Elles bénéficient en effet à 82% des ménages locataires ou accédants du premier quartile, à 52% de ceux du second quartile et à 19% de ceux du troisième. Au total, 42% des ménages bénéficient d'aides au logement. En termes de statuts, le pourcentage des bénéficiaires est de 59% des ménages locataires du parc social, de 48% des locataires du parc privé et de 23% des propriétaires accédants. L'effet redistributif de ces aides a pour première conséquence de resserrer les écarts entre les catégories de revenus. Leur impact positif sur le taux d'effort est significatif. Par exemple, les locataires du secteur social relevant du premier quartile voient leur taux d'effort diminuer de 40%, ce qui le fait passer de 39% en brut à 23% en net. Pour les ménages du deuxième quartile, cette baisse est de 14%. L'Insee observe cependant que, malgré les aides, "le poids des dépenses de logement reste relativement important pour les ménages des deux premiers quarts louant dans le secteur libre". Elle explique cette situation par les interactions entre les aides et le montant des loyers. Ainsi, la nette hausse des aides au logement résultant de la réforme de 1991-1993 aurait incité les propriétaires à augmenter les loyers du secteur libre, absorbant ainsi 50% des financements supplémentaires. Au final, près d'un ménage sur dix supporte un taux d'effort net supérieur à 44%. Cette proportion monte même à 16% des ménages parmi les locataires du secteur privé. Seul avantage - modeste - pour ces derniers, la part des charges est plus importante pour les locataires du secteur social et pour les accédants à la propriété.
En revanche, l'étude montre clairement que les locataires du secteur privé ont été les principales victimes de la hausse des loyers dans la dernière décennie. Ainsi, leur taux d'effort net médian a augmenté de 14% entre 2004 et 2007, alors que celui des locataires du secteur social augmentait de 8% et que les accédants voyaient leur taux d'effort diminuer de 11%.

 

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