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Insertion - Les groupes de travail du nouveau Grenelle se mettent en place

Les travaux du Grenelle de l'insertion, que le haut commissaire Martin Hirsch a été chargé d'animer pendant six mois, ont officiellement été lancés ce week-end à Grenoble.

Près d'un millier de personnes ont participé au colloque de lancement du Grenelle de l'insertion, organisé à Grenoble les 23 et 24 novembre à l'initiative du haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté. Ce qui n'était encore qu'une annonce à l'improviste de Nicolas Sarkozy, à l'occasion d'un déplacement à Dijon le 2 octobre dernier, commence ainsi à prendre corps. Un temps désarçonné par cet engagement présidentiel imprévu, Martin Hirsch a finalement choisi d'en faire l'un des vecteurs - aux côtés de l'expérimentation en cours du revenu de solidarité active (RSA) - du vaste chantier de la réforme des minima sociaux et des contrats aidés.
Comme il l'a indiqué dans son discours d'ouverture, le haut commissaire aux Solidarités actives souhaite s'appuyer sur cette démarche pour faire émerger "une réflexion la plus fécondatrice possible". Il s'est également engagé "à ce que tout ce qui fera consensus lors des groupes de travail soit traduit dans les faits". Si le débat est ainsi engagé, il n'en demeure pas moins relativement cadré. L'expérimentation du RSA est déjà engagée et il est très probable que ce nouveau dispositif sera généralisé dès la fin de 2008. Si le dossier de la réforme des contrats aidés est moins avancé, Martin Hirsch a néanmoins indiqué que le Grenelle de l'insertion aboutirait à la mise en place d'un "contrat unique d'insertion", qui "ne sera pas uniforme, mais modulable en fonction de l'employeur et du salarié". Seul le chantier de la fusion de certains minima sociaux - qui déborde le seul cadre de l'insertion - reste largement ouvert.
Ce "cadrage" de la démarche n'empêche pas pour autant les innovations. Celles-ci se lisaient déjà dans la liste des intervenants au colloque de Grenoble. En témoigne notamment la présence de François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, de Laurence Parisot, la présidente du Medef, ou encore d'Augustin de Romanet, le directeur général de la Caisse des Dépôts. La présence de la présidente du Medef - et de plusieurs dirigeants de sociétés - illustre la volonté d'associer étroitement les entreprises aux travaux du Grenelle de l'insertion. De façon moins inattendue, plusieurs présidents ou directeurs généraux de départements étaient également associés aux débats.

 

Groupes de travail et forums régionaux

Au-delà des premiers échanges de fond, le colloque de Grenoble a aussi été l'occasion d'arrêter la méthode qui doit permettre d'aboutir à la remise de propositions lors du "Grenelle de l'insertion" proprement dit, qui devrait se tenir à la fin du mois de mai 2008. Trois groupes de travail ont ainsi été mis en place. Le premier sera chargé de définir les objectifs des politiques d'insertion et de préciser les compétences respectives de l'Etat et des collectivités territoriales. Il sera co-présidé par Laurent Hénart, député de Meurthe-et-Moselle et ancien secrétaire d'Etat à l'Insertion professionnelle des jeunes, et Christophe Sirugue, président du conseil général de Saône-et-Loire et président de la commission "Insertion, cohésion sociale, économie sociale et solidaire" de l'ADF. Le second groupe de travail se consacrera au contrat unique d'insertion et aux moyens de mobiliser les entreprises. Il sera co-présidé par Annie Thomas, secrétaire confédérale CFDT et présidente de l'Unedic, et par Jean-Luc Vergne, directeur des ressources humaines de PSA. Enfin, le troisième groupe a pour mission de réfléchir au parcours d'insertion, avec pour objectifs de supprimer les obstacles actuels et de réduire les taux d'échec. Ce groupe sera présidé par Nicole Maestracci, présidente de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réadaptation sociale), et Agnès Naton, secrétaire confédérale de la CGT. Chaque groupe réunira une cinquantaine de participants, à raison de six représentants de huit collèges différents : collectivités territoriales et parlementaires, employeurs (y compris ceux de l'insertion par l'activité économique), salariés, usagers, "intervenants et travailleurs sociaux, acteurs locaux", associations de lutte contre l'exclusion, Etat, personnalités qualifiées. La première réunion des trois groupes est programmée le 10 décembre. En appui de ces trois groupes, il est également prévu d'organiser une dizaine de forums régionaux, consacrés à des aspects spécifiques de l'insertion. Enfin, certains sujets, tels que l'illettrisme ou le micro-crédit, feront l'objet de propositions spécifiques. Durant le colloque, le haut commissariat aux Solidarités actives a, par ailleurs, ouvert un site internet dédié au Grenelle de l'insertion.

 

Jean-Noël Escudié / PCA