Environnement - Les grandes villes, enjeu crucial de la lutte contre le réchauffement climatique, selon un rapport du C40
Les grandes villes devront rapidement réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre, sous peine de "payer le prix de l'inaction" et de voir l'objectif mondial des 2°C de réchauffement dépassé, souligne un rapport publié jeudi 1er décembre par le C40, la coalition des villes engagées sur le climat. Ce groupe, qui rassemble 90 villes du monde entier (Rio, Caracas, New York, Paris, Dakar, Johannesburg, Addis Abeba, Séoul, Pékin, Shanghai, Athènes, Istanbul, Londres, etc.) totalisant 650 millions d'habitants, réunit ses maires cette semaine à Mexico. Alors que les gaz à effet de serre saturent chaque jour un peu plus l'atmosphère, "la fenêtre d'action se referme", prévient le rapport, intitulé "Deadline 2020"et "les villes paieront le prix de l'inaction".
"Si nos usages et infrastructures continuent à se développer sur le mode actuel, d'ici 5 ans le monde aura généré assez d'émissions pour dépasser les 2°C", c'est-à-dire le seuil critique sur lequel les Etats se sont accordés fin 2015 lors de la COP 21 à Paris. Or, un tiers des émissions dépendent de l'action des villes (infrastructures, urbanisme, transports etc.), ajoute l'étude.
Pour que la limite des 2°C soit tenue mondialement, les mégalopoles devront faire tomber leurs émissions de 5 tonnes équivalents CO2 par tête et par an, à 3 en 2030 puis 0,9 en 2050. Le rapport propose des trajectoires d'action un peu différentes selon la situation des cités. Les plus polluées et les plus riches devront agir tout de suite et drastiquement (New York, Melbourne...). Les plus pauvres (Le Cap, Durban, Quito...) auront un peu plus de temps. Ces propositions seront présentées aux membres du C40 à Mexico.
"Nous devons partager nos expériences", a dit lors d'un point de presse téléphonique Michael Bloomberg, président du conseil d'administration du C40. "Les solutions se trouvent dans les villes", a martelé l'ex-maire de New York. "Depuis l'élection présidentielle américaine, beaucoup d'inquiétude s'est exprimée (quant aux suites du combat sur le climat, ndlr). La future administration n'a pas encore dévoilé sa politique, mais les maires n'ont jamais attendu que Washington agisse et ils continueront de montrer l'exemple."
Cependant ces mesures nécessiteront 375 milliards de dollars juste pour les quatre ans à venir et les seules villes membres du C40 (qui représentent seulement 7% des émissions urbaines). Anne Hidalgo, maire de Paris et nouvelle présidente du C40, a "appelé les donateurs à soutenir les politiques climatiques au niveau municipal".
Parmi les revendications de la coalition, figure l'accès des villes aux financements climatiques internationaux (du Fonds vert par exemple). "En tant que maires, nous savons que le changement climatique n'est pas un reality show, mais bien une réalité", a insisté Anne Hidalgo.
Selon une enquête du C40 datant de 2015, 98% des mégalopoles pâtissent déjà ou vont pâtir des effets sanitaires ou encore économiques du dérèglement climatique.