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Culture - Les Frac : 25.000 oeuvres, 4.850 artistes et de bons résultats

Jean-Pierre Plancade - sénateur de la Haute-Garonne et vice-président de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication - vient de remettre son rapport d'information sur le marché de l'art contemporain. Intitulé "Agissons pour l'art d'aujourd'hui, expression vivante de notre société", ce document s'inquiète de la dégradation de la position de la France - et des artistes français - sur le marché de l'art contemporain. Il formule plusieurs propositions pour "démocratiser l'art d'aujourd'hui en France", "développer une France de collectionneurs", ou encore "soutenir et défendre la création française".
Mais les collectivités territoriales retiendront surtout les développements consacrés au fonds régionaux pour l'art contemporain (Frac). Créés en 1982 et "symboles de la décentralisation culturelle en matière d'art", les Frac ont une double mission : le soutien à la création contemporaine, avec la création d'un fonds d'oeuvres d'art, et la sensibilisation du public aux différentes formes d'art actuel. Pour le rapporteur, ils "sont aujourd'hui identifiés comme des acteurs essentiels de la politique d'aménagement du territoire menée par l'Etat et les régions". Le rapport, qui s'intéresse plus particulièrement aux dix dernières années d'activité des Frac, en dresse un bilan plutôt flatteur. Les 22 Frac - auxquels il faut ajouter ceux de Corse et de Martinique, qui ne reçoivent pas de subvention du ministère de la Culture - ont vu ainsi leurs dépenses passer de 11,7 millions d'euros en 2000 à 24 millions en 2010, répartis en 19,7 millions pour le fonctionnement et la diffusion de l'art contemporain auprès du grand public et 4,3 millions pour les acquisitions et les charges de collection. Au cours des dix dernières années, les Frac auront ainsi consacré un total de 189,3 millions d'euros à l'art contemporain : 148,8 millions pour le fonctionnement et la diffusion et 42,5 millions pour les acquisitions. Ces dernières sont toutefois fortement soutenues par l'Etat. Sur les 4,32 millions d'euros affectés à cette fin en 2010, la subvention du ministère de la Culture représentait 2,13 millions... Grâce à cette politique d'achat, les Frac sont aujourd'hui à la tête d'un patrimoine de près de 25.000 oeuvres, représentant près de 4.850 artistes. En l'occurrence, il ne s'agit pas seulement d'artistes français. Si ces derniers constituent 56,5% des "artistes achetés" entre 1982 et 2009, les artistes européens représentent 24,6% du total, les Nord-américains 9,5% et les Européens hors Union 4,4%.

Promouvoir l'art contemporain

Les Frac sont également très actifs dans la promotion de l'art contemporain. En 2010, ils ont ainsi organisé 477 expositions (dans les murs et hors les murs, à l'exception de la participation à des expositions internationales), qui ont accueilli 1,22 million de visiteurs. En 2007, ces chiffres n'étaient encore que de 394 expositions et 824.600 visiteurs.
Ces bons résultats d'ensemble recouvrent toutefois des différences marquées entre les régions. Celles-ci concernent en premier lieu le statut : si la plupart des Frac sont des associations relevant de la loi de 1901, certains fonctionnent en régie régionale (Alsace), régie autonome personnalisée (Franche-Comté), syndicat mixte (Midi-Pyrénées) ou encore établissement public de coopération culturelle (La Réunion). Les politiques d'achat sont également très différentes. En 2010 par exemple, la Bretagne et le Centre ont acquis respectivement 130 et 170 oeuvres, quand Midi-Pyrénées n'en achetait que 7 et Rhône-Alpes 13. Mais il ne s'agit pas forcément des mêmes oeuvres : le prix moyen d'acquisition est de 14.300 euros en Rhône-Alpes, mais de 1.300 euros dans la région Centre... Le dynamisme de la politique d'acquisition n'est d'ailleurs pas déterminé par la taille et le budget global de la région. Sans oublier le cas particulier des régions qui disposent d'un marché de l'art "privé" suffisamment dynamique. Le Frac d'Ile-de-France n'a ainsi acquis que 28 oeuvres l'an dernier.

Jean-Noël Escudié / PCA

Référence : Sénat, rapport d'information n°34 (2011-2012) de Jean-Pierre Plancade, fait au nom de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication.