Social - Les départements ne sont pas égaux devant la demande d'asile

L'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) rend public son rapport d'activité 2011. Celui-ci confirme que les demandes d'asile sont en hausse pour la quatrième année consécutive. Leur nombre a ainsi atteint 57.337 l'an dernier (mineurs accompagnants et réexamens compris), soit une progression de 8,7% par rapport à 2010. Cette hausse confirme toutefois la tendance à la décélération observée depuis quatre ans. Le taux de progression était encore de 20% en 2008, 12% en 2009 et 10,6% en 2010. Le Bangladesh reste le premier pays d'origine, suivi de la République démocratique du Congo, de l'Arménie, du Sri-Lanka, de la Russie, de la Chine, d'Haïti et du Kosovo.
Ces chiffres des demandes d'asile 2011 ne sont pas vraiment nouveaux - à quelques centaines d'unités près - puisqu'ils figuraient déjà dans les données européennes pour 2011 publiées par Eurostat en mars dernier (voir notre article ci-contre du 26 mars 2012). Ceci place à nouveau la France au premier rang des pays européens.
A la différence des données d'Eurostat, le rapport d'activité de l'Ofpra fournit de très nombreuses informations sur l'origine et le profil des demandeurs d'asile, le traitement des demandes, les décisions... Parmi celles-ci on retiendra notamment les informations relatives à la répartition des demandes d'asile sur le territoire national. Comme depuis plusieurs années, l'Ofpra rappelle que les demandes déposées restent majoritairement concentrées dans cinq régions. A elle seule, l'Ile-de-France concentre près de la moitié (45%) du total des demandes. Viennent ensuite, par ordre décroissant, Rhône-Alpes, les DOM (avec une demande d'asile "de voisinage" comme à Mayotte ou en Guyane), les Pays-de-la-Loire et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais le rapport de l'Ofpra indique que l'"on semble observer un début de rééquilibrage entre les régions". Les variations les plus importantes de flux entre 2010 et 2011 concernent ainsi la Bourgogne (+60%), le Centre (+43%), le Languedoc-Roussillon (+36%), Champagne-Ardenne (+30%) et la Basse-Normandie (+29%).
Ces légers correctifs n'empêchent pas le maintien d'écarts considérables entre départements, même en tenant compte des différences de population. Si Paris a enregistré l'an dernier 9.119 demandes d'asile (premières demandes, réexamens et mineurs accompagnés) et la Seine-Saint-Denis 5.394, la répartition entre les autres départements semble beaucoup plus erratique. Ainsi, la Côte-d'Or a enregistré plus de demandes (1.162) que la Loire-Atlantique (1.036) et presque autant que les Bouches-du-Rhône (1.307). De même, l'Oise compte dix fois plus de demandes d'asile (820) que le Var (80) et deux fois plus que le Pas-de-Calais (376).
A ces écarts géographiques d'ensemble, le rapport de l'Ofpra ajoute un autre élément : le fait que "les modalités de répartition géographique sur le territoire peuvent varier considérablement en fonction des nationalités d'origine des demandeurs d'asile". Le rapport en donne quatre exemples significatifs : la concentration des Bangladais sur Paris et quelques départements d'Ile-de-France, le regroupement des Afghans sur les départements frontaliers (Pas-de-Calais, Manche, Bouches-du-Rhône, Moselle et Bas-Rhin), la concentration des Congolais dans les régions du nord-ouest et celle des demandeurs en provenance de la corne de l'Afrique sur certains départements disséminés comme le Pas-de-Calais, le Maine-et-Loire, la Côte-d'Or, l'Ille-et-Vilaine et l'Essonne. 

 

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