Habitat - Les autorisations de construction de logements ont reculé de 17,8% en 2009
Au milieu de chiffres divergents et de propos d'experts contradictoires, les statistiques du ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer ont au moins le mérite d'être officielles. Et elles ne sont pas bonnes. La dernière livraison de "Chiffres & Statistiques" (numéro 94 de janvier 2010) - la lettre du commissariat général au développement durable - fournit ainsi un premier bilan de la construction de logements en 2009. L'an dernier, 397.300 logements ont bénéficié d'une autorisation de construction, soit une forte baisse de 17,8% par rapport à 2008 (-18,5% pour la France métropolitaine). Si l'on s'en tient à la seule construction neuve - 88% des logements, par opposition à la construction sur bâtiments existants - le recul est même de 21,8%. Ainsi que le relève la lettre, "il faut remonter à novembre 2003 pour observer un cumul sur douze mois inférieur à 400.000 logements autorisés".
Ce résultat d'ensemble recouvre toutefois des contrastes significatifs selon le type de constructions. Le secteur le plus touché est ainsi celui des logements collectifs, avec une chute des autorisations de construction de 27,1%. Les logements individuels sont moins durement frappés, avec un recul de 12,8% : -18% pour l'individuel pur et un résultat stable pour l'individuel groupé (-0,1%). Seule la construction de logements en résidence a progressé l'an dernier (+7,7%), mais son impact est limité (33.000 logements autorisés).
La situation n'est pas meilleure si l'on considère les mises en chantier. Leur nombre a reculé en effet de 16,7% en 2009, pour atteindre 333.000 logements. Les chiffres sont un peu moins contrastés que ceux observés pour les autorisations : recul de 19% des mises en chantier de logements collectifs et de 16,2% pour les logements individuels (toutes catégories confondues).
Autre enseignement de la dernière livraison de "Chiffres & Statistiques" : les écarts considérables entre régions, qui n'apparaissent pas toujours évidents à expliquer. En matière d'autorisations de construction de logements, les évolutions vont ainsi de -31% pour Midi-Pyrénées et de -30,3% pour le Limousin à +24,4% pour la Haute-Normandie, +10,7% pour la Bourgogne, +7,4% pour le Centre et +1,9% pour Champagne-Ardenne (les quatre seules régions positives). Deux régions particulièrement emblématiques de la crise du logement s'en tirent plutôt bien : l'Ile-de-France avec -5,4% et les DOM avec -3,5%. Des écarts plus importants encore s'observent sur les mises en chantier de 2009, qui s'étagent de -30,6% pour l'Auvergne et -29,9% pour le Limousin à +30,7% pour la Bourgogne et +10,1% pour la Haute-Normandie. Pour compliquer le tout, les évolutions des autorisations de constructions et des mises en chantier ne sont pas nécessairement convergentes. En 2009, l'Ile-de-France, par exemple, a bien résisté en matière d'autorisations de construction (voir ci-dessus), mais a lourdement chuté en termes de mises en chantier (-18,1%).
Jean-Noël Escudié / PCA