Lutte contre l'exclusion - Les associations mobilisent à nouveau pour les sans-abri

Trois semaines après l'annonce par le Premier ministre du plan d'action en faveur des personnes sans abri, les associations de défense des SDF mobilisent à nouveau. Le 21 février en fin de journée, une trentaine d'entre elles ont organisé la "Nuit solidaire pour le logement", un grand rassemblement place de la République à Paris. Après la manifestation et un concert, les participants ont été invités à dormir sur place en signe de solidarité avec les SDF, les associations se chargeant de fournir des couvertures de survie.
Les organisateurs regroupent les associations les plus en pointe - comme les Enfants de Don Quichotte ou la Fondation Abbé-Pierre -, mais aussi des associations traditionnellement plus modérées comme la Croix-Rouge, le Secours catholique, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) et même l'Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss). Toutes se retrouvent pour exprimer "un mécontentement général" et juger "insuffisante" l'enveloppe supplémentaire de 250 millions d'euros pour 2008 annoncée par François Fillon le 29 janvier. Celle-ci représente pourtant une augmentation de 25% des crédits consacrés à la résorption de l'habitat insalubre, mais les associations estiment les besoins budgétaires entre 1,5 et 1,7 milliard d'euros pour mettre en oeuvre "une véritable politique publique de l'hébergement et du logement". Elles dénoncent également les lenteurs dans la mise en oeuvre du plan, et notamment l'absence de nomination, promise par François Fillon, du "superpréfet" chargé de superviser sa mise en oeuvre (voir encadré ci-dessous).
Les associations ont donc adressé une lettre ouverte au Premier ministre. Outre un effort financier accru, elles demandent que les pouvoirs publics prennent en compte les treize engagements élaborés par le collectif et remis à François Fillon lors de la réunion de concertation organisée en janvier dernier.
Certains de ces engagements ont été effectivement repris par le gouvernement dans son plan d'action, comme la disparition des logements indignes avant la fin de la législature. D'autres ont également été repris, mais sans que - selon les associations - les pouvoirs publics dégagent les moyens nécessaires à leur mise en oeuvre. Enfin, certains n'ont pas eu de suite, comme la demande de retirer au maire, pour la confier à l'Etat, la compétence de délivrer le permis de construire dès lors que le maire ne respecte pas l'article 55 de la loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) imposant 20% de logements sociaux par commune.
Le plan d'action du gouvernement comporte deux parties. La première - la mobilisation immédiate de l'enveloppe supplémentaire de 250 millions d'euros pour renforcer les capacités d'accueil dans les dispositifs intermédiaires - ne devrait pas être remise en cause par le Premier ministre. Mais la seconde - inspirée du rapport d'Etienne Pinte, député-maire de Versailles - consiste en un plan pluriannuel regroupant plusieurs mesures, correspondant à de grandes orientations qui restent à finaliser. La porte devrait donc rester ouverte à la négociation dans les prochaines semaines.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Un "superpréfet" pour le logement des sans-abri

Alors que les manifestants commençaient d'affluer place de la République, le Premier ministre a finalement annoncé le 21 février en fin de journée la nomination du "superpréfet", promise il y a près d'un mois. Son titre exact est "préfet délégué général à la coordination de l'hébergement et de l'accès au logement des personnes sans abri ou mal logées". Sa mission, plus large que le seul cas des sans-abri, sera de préparer et de suivre la coordination interministérielle de la politique en matière d'hébergement et d'accès au logement. Il sera également chargé de veiller à la mise en oeuvre des actions proposées par le rapport Pinte et d'animer sur le terrain, avec les préfets, les interventions des différentes administrations de l'Etat. Il lui incombera aussi d'assurer la concertation avec les associations nationales et de développer le partenariat avec les acteurs locaux : collectivités, bailleurs sociaux, associations locales, etc.
Pour assurer cette fonction, le Premier ministre a choisi Alain Régnier, qui était jusqu'alors préfet délégué à l'égalité des chances auprès du préfet de la région Rhône-Alpes.

 

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