Lutte contre l'exclusion - Les sections d'urgence des CHRS ont du mal à faire face à la demande
Alors que le Premier ministre doit en principe présenter avant la fin du mois de janvier le contrat qu'il entend passer avec les associations d'accueil de sans-abri, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères du Travail et de la Santé publie une étude consacrée, précisément, à l'hébergement d'urgence dans les centres d'hébergement et de réadaptation sociale (CHRS).
L'accueil d'urgence n'entre pas - en théorie - dans les missions premières de ces structures. Néanmoins, sur les 827 CHRS existants, 360 déclarent disposer d'une section d'urgence. Les établissement concernés offrent ainsi 4.550 places à ce titre, sur une capacité totale de 16.000 places. Pour mieux connaître la population accueillie, la Drees a donc procédé à une coupe transversale en recueillant toutes les informations sur les personnes présentes dans ces sections durant la nuit du 3 au 4 février 2005.
Premier enseignement : la nuit concernée, 5.700 personnes étaient hébergées dans les sections d'urgence des 360 CHRS, soit un sureffectif de l'ordre de 25%. L'étude montre également que la place de l'urgence au sein des CHRS concernés est très variable. Environ 20% d'entre eux - généralement de petites structures - consacrent toute leur capacité à l'hébergement d'urgence. A l'inverse, un tiers d'entre eux réservent moins de 13% de leurs places à cette activité. Comparés à l'ensemble des CHRS, ceux qui disposent d'une section d'urgence sont plus nombreux à assurer un accueil tout public et à proposer certains services comme la restauration collective (62% contre 44%). L'étude montre par ailleurs que le 115 est le principal vecteur d'admission dans ces structures (30% des personnes présentes), suivi de l'intervention directe des services sociaux (25%).
L'étude de la Drees - réalisée à l'apogée de la crise de l'emploi - apporte aussi de nombreuses informations sur le profil des personnes accueillies. Elle distingue ainsi trois grands groupes. Le premier (75% des 5.700 personnes présentes dans la nuit du 3 au 4 février 2005) regroupe des hommes seuls, âgés en majorité de 18 à 44 ans. Plus de la moitié d'entre eux, familière de ce type d'hébergement, était déjà accueillie dans un CHRS ou un centre d'urgence, mais 20% d'entre eux vivaient dans la rue au cours du mois de janvier 2005. Le second groupe (13%), à majorité féminine, comprend de jeunes parents, voire des jeunes filles mères, en grande difficulté. Environ 15% des personnes relevant de ce second groupe ont moins de 18 ans. Les deux tiers des personnes de cette seconde catégorie sont sans logement personnel depuis plus de six mois. Enfin, le troisième groupe (12%) comprend des mères isolées récemment précarisées, le plus souvent avec leur enfant. Près des deux tiers d'entre elles ont entre 25 et 44 ans. Les trois quarts ont passé le mois de janvier 2005 dans un logement ordinaire et la moitié est sans logement personnel depuis moins d'un mois.
Jean-Noël Escudié / PCA
Référence : direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, "L'hébergement d'urgence dans les CHRS", Etudes et Résultats numéro 620 (janvier 2008).