Lutte contre l'exclusion - Les associations adoptent une charte sur les maraudes
Plus d'une vingtaine d'associations oeuvrant auprès des sans-abri, et plus généralement auprès de personnes vulnérables, viennent de signer une charte baptisée "Ethique et maraude" sur les valeurs et les principes qui doivent guider leurs interventions. L'espace éthique de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), en partenariat avec la mairie de Paris et la Dass, est à l'origine de cette initiative.
Pour Emmanuel Hirsch, responsable de l'espace éthique de l'AP-HP, "la préoccupation éthique se situe au coeur de l'activité de maraude car elle détermine les conditions mêmes de l'exercice des missions complexes, incertaines, où culminent les fragilités humaines et les précarités sociales".
La charte précise tout d'abord les conditions d'exercice des équipes d'intervention. Leur démarche doit obligatoirement avoir pour support une structure reconnue (municipalité, association, GIP, services publics...). Par ailleurs, les bénévoles et les professionnels assurant des maraudes s'engagent à respecter les principes éthiques encadrant l'intervention et doivent bénéficier d'un suivi et d'une évaluation régulière. Les modes d'intervention sont également précisés par la charte. Ils doivent nécessairement être fixés en concertation avec la personne aidée. Pour instaurer une relation de confiance, le personnel des équipes doit néanmoins être prêt à admettre une opposition de la part de la personne, y compris lorsque celle-ci semble compromettre ses intérêts propres. Dans ce domaine, la charte réaffirme un principe essentiel : "L'espace public ne saurait constituer un lieu de vie pérenne dans des conditions dignes et sûres." Les intervenants doivent également être en mesure de maîtriser la portée de leur engagement personnel, d'évaluer son enjeu et ses conséquences. Ils s'engagent aussi au respect absolu de la confidentialité. Enfin, l'approche de la personne doit faire appel à des qualités humaines particulières comme la capacité d'ouverture à l'autre, le sens de l'écoute, la bienveillance, la neutralité, la justesse ou encore la prudence.
L'adoption de cette charte par 27 associations - dont le Samu social, le Secours catholique, les Enfants de Don Quichotte, Emmaüs et les Restos du coeur - ne signifie pas l'arrêt de la réflexion dans ce domaine. En effet, la commission qui a présidé à son élaboration assure désormais le développement de cette initiative et veille à sa bonne appropriation par l'ensemble des partenaires impliqués, dans le cadre d'un dispositif interassociatif.
Jean-Noël Escudié / PCA