Exclusion - Christine Boutin juge "inacceptable" l'utilisation de répulsifs anti-SDF
La ministre du Logement Christine Boutin a jugé "inacceptable" l'utilisation de produits répulsifs nauséabonds pour déloger les SDF par la mairie d'Argenteuil (Val-d'Oise), estimant que "le principe même de l'utilisation de produits de ce type constitue une atteinte à la dignité de la personne humaine". Se disant par ailleurs consciente des "très grandes difficultés rencontrées par les élus locaux pour faire face à la complexité de situations identiques", la ministre assure qu'elle "mettra tout en oeuvre dès les prochains jours pour aider les communes concernées à trouver des solutions qui préservent à la fois la dignité de la personne et le respect des riverains". Contacté, le ministère a précisé que les détails de cette initiative seraient annoncés dans les jours à venir.
La mairie d'Argenteuil a reconnu s'être procurée du "Malodore", un produit répulsif, pour éloigner les SDF vivant notamment aux abords du centre commercial du coeur de ville. Selon plusieurs sources, la mairie avait demandé en juillet à ses agents de la voirie d'asperger de répulsif les lieux de prédilection des SDF en centre-ville. Mais ayant essuyé un refus net des employés municipaux, une partie du répulsif a été donnée à des agents d'entretien de la galerie marchande "Côté Seine", qui ont diffusé le spray malodorant aux sorties de secours du centre commercial où les SDF ont leur habitudes.
Trois élus du Val-d'Oise - qui ont par ailleurs déposé un recours contre l'arrêté anti-mendicité pris par le maire d'Argenteuil le 6 août - ont annoncé qu'ils s'apprêtaient à saisir la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) au sujet de l'achat de ces produits : "Nous estimons qu'il y a discrimination, dans la mesure où tout le monde ne peut pas circuler librement dans la ville", a expliqué à l'AFP l'un des promoteurs de cette saisine, Valentin Teixeira (Verts). Ils saisiront également le préfet du Val-d'Oise afin de l'interroger sur "le degré de légalité consistant, pour la municipalité, à commander et à payer des produits singuliers pour les mettre ensuite à la disposition d'une entreprise privée".
D'après AFP