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Territoires - Les artisans veulent remettre l'économie de proximité "sur le devant de la scène"

"L'économie de proximité, jusqu'alors trop discrète et trop peu consciente de ses atouts, revient sur le devant de la scène." C'est par ce message que Pierre Martin, président de l'Union professionnelle artisanale (UPA) a ouvert les Etats généraux de l'économie de proximité, organisés le 18 septembre à la Cité des sciences et de l'industrie. L'union patronale compte bien "dépoussiérer l'économie de proximité et surtout affirmer sa place centrale au cœur des principaux enjeux de notre société contemporaine". A cet effet, le président de l'UPA a fait appel à des experts extérieurs et a rédigé un ouvrage sur "L'économie de proximité, moteur d'un nouveau projet de société" (Editions du Cherche-Midi) qu'il a remis le 18 septembre à Christine Lagarde, ministre de l'Economie. Selon lui, l'économie de proximité, qui rassemble pourtant 2,5 millions de petites entreprises, artisanales, commerciales, agricoles et libérales, souffre d'un déficit d'image. Dans des débats dominés par les effets de la mondialisation, "politiques, médias, acteurs de la société civile souffrent de la même myopie : ils ne prennent pas en compte l'économie de proximité", signale Pierre Martin. Ce n'est pourtant pas faute d'atouts : l'économie de proximité "recycle" mieux que tout autre les victimes du chômage, elle dispose de ressources de formation encore largement sous-exploitées, elle offre des solutions d'aménagement de l'espace et une consolidation du lien social, elle revalorise la qualité de vie locale, elle dispose de savoir-faire spécifiques valorisables dans le monde entier. "Nous affirmons non seulement qu'elle doit être prise au sérieux mais surtout qu'elle peut constituer une réponse nouvelle et véritablement pertinente aux principaux maux de la société française", poursuit-il dans son plaidoyer. L'UPA propose ainsi de construire autour de l'économie de proximité un projet de société. Un projet basé notamment sur la "relocalisation d'un certain nombre d'activités" et sur le lien social. Elle invite aussi les décideurs politiques à redéfinir les rapports entre le local et le global en revalorisant l'ancrage sur les territoires. "Plus il y a mondialisation, plus l'ancrage est nécessaire ; local et global sont dans le même bateau." Avec cette démarche, l'UPA souhaite impulser un débat national sur l'avenir de l'économie française. De son côté, la ministre de l'Economie a profité de l'occasion pour rappeler les mesures engagées par le gouvernement en faveur du secteur de l'artisanat. Parmi elles : une diversification des produits de prêts, une simplification des procédures, un meilleur accès des entreprises aux prêts et l'augmentation des moyens consacrés par la Banque européenne d'investissement au financement des PME. Ces moyens doivent atteindre 15 milliards d'euros sur 2008-2009, dans le cadre d'une enveloppe globale portée à 30 milliards jusqu'en 2011.

Emilie Zapalski