Archives

Lutte contre l'exclusion - L'emploi est "de moins en moins accessible" aux personnes en difficulté

Le Secours catholique publie l'édition 2012 de son "rapport statistique", devenu une référence en la matière. Comme le précédent (voir notre article ci-contre du 8 novembre 2012), il confirme la diffusion et l'ancrage de la pauvreté. Le nombre de personnes rencontrées dans les permanences de l'association reste à peu près stable : 1,43 million de personnes en 2012 (dont la moitié d'enfants), contre 1,42 million l'année précédente. Comme l'indiquent le président et le secrétaire général du Secours catholique dans leur éditorial, "l'année 2012 ne marque pas de ruptures. La pauvreté continue de s'étendre. [...] Le chômage poursuit sa course vers les sommets, la précarité tient lieu de mode de vie".
Cette installation dans la durée recouvre toutefois un certain nombre d'évolutions, qui sont loin d'être positives. Ainsi, le rapport constate "une augmentation marquée" de la proportion de couples avec enfants (+2% par rapport à 2011), même si les familles monoparentales restent le profil le plus représenté. Plus de la moitié des enfants suivis par le Secours catholique vivent ainsi dans une famille monoparentale. Au total - en combinant couples avec enfants et familles monoparentales -, plus de la moitié (53,5%) des personnes accueillies par l'association ont des enfants.

Un niveau de vie en baisse de 2,5% par rapport à 2011

Le rapport constate également une forte croissance de la part des personnes étrangères, "en augmentation constante depuis plusieurs années". Les étrangers représentent ainsi 33% des personnes accueillies, contre 20% en 2000. Autre groupe en forte progression dans les publics de l'association : les personnes âgées, avec une augmentation de 40% en dix ans de la part des plus de 50 ans.
Les chiffres du Secours catholique montrent aussi que le niveau de vie des personnes accueillies est en baisse de 2,5% par rapport à 2011. Près de 95% des accueillis vivent ainsi sous le seuil de pauvreté monétaire à 60% du revenu médian et 68% sous le seuil de très grande pauvreté (40% du revenu médian). Seuls 36% des ménages rencontrés en 2012 percevaient des ressources issues du travail ou assimilées (-1 point par rapport à 2011), tandis que 71% perçoivent des revenus de transfert. De son côté, la part des ménages sans aucune ressource passe de 16 à 17%.
Par ailleurs, près de 60% des personnes accueillies font face à des impayés, avec une nette prépondérance des dettes liées au logement. Une situation qui reflète une grande fragilité en la matière : seuls 75% des accueillis disposent d'un logement qui peut être considéré comme stable. Un quart d'entre eux loge en revanche dans des conditions précaires : familles ou amis, centres d'hébergement, hôtels, pension, garnis, mais aussi squat, abri de fortune et vie à la rue (5% du total pour ces trois situations).

Seules 4% des personnes accueillies bénéficient d'un emploi aidé

Le rapport 2012 propose également une analyse thématique sur le lien entre pauvreté et emploi. Avec un constat : "Comme toutes les richesses, le travail est de moins en moins partagé". L'étude montre en effet que le fossé se creuse entre les pauvres et l'emploi. Un chiffre en donne une idée : alors que les personnes accueillies par le Secours catholique appartiennent aux publics prioritaires pour l'accès aux emplois aidés, seuls 4,1% d'entre elles en bénéficient. Par ailleurs, 18% des ménages accueillis sont des travailleurs pauvres, tandis que 37,5% sont au chômage, dont un quart de chômeurs ayant épuisé leurs droits. L'emploi apparaît ainsi "de moins en moins accessible aux personnes rencontrées par le Secours catholique".

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis