Archives

Social - Le taux de pauvreté et les inégalités auraient légèrement reculé en 2016

Un mois après avoir livré son étude annuelle sur "Les niveaux de vie", montrant que le taux de pauvreté et les inégalités globales sont restés stables en 2015 (voir notre article ci-dessous du 13 septembre 2016), l'Insee publie, dans le dernier numéro de sa lettre "Focus" d'information rapide, une "estimation avancée du taux de pauvreté et des indicateurs d'inégalités". Comme indiqué, il ne s'agit pas nécessairement des chiffres définitifs, mais de résultats issus d'une "méthode expérimentale fondée sur la micro-simulation". Déjà utilisée en 2014 et 2015, celle-ci a toutefois fait la preuve de sa fiabilité.

Le taux de pauvreté passerait sous les 14%

Bonne nouvelle : selon cette estimation avancée, le taux de pauvreté et les inégalités auraient légèrement diminué en 2016. Le taux de pauvreté à 60% de revenu médian reculerait de 0,3 point, passant ainsi sous la barre symbolique des 14% de la population, pour atteindre 13,9%. Comparé au point haut de 2011, la baisse serait donc de 0,7 point, mais le taux de 13,9% prévu pour 2016 reste toutefois supérieur au chiffre d'avant la crise, soit 13,2%.
En matière d'inégalités de niveaux de vie, l'étude avancée de l'Insee table sur une très légère diminution. L’indice de Gini diminuerait ainsi de 0,002 point, pour atteindre 0,290 en 2016, après deux années consécutives de hausse (+ 0,001 en 2014 et + 0,003 en 2015). En 2016, l’indice de Gini serait ainsi inférieur de 0,015 à son point haut de 2011 et proche de son niveau d’avant la crise de 2008.
L'approche des inégalités par le rapport interdécile (les 10% les plus riches et les 10% les plus modestes) donne une tendance similaire, avec un léger recul de 0,1 point, ce qui place le rapport interdécile à 3,4.
L'Insee prend toutefois soin de préciser que "les évolutions annuelles du taux de pauvreté et des indicateurs d’inégalités présentés sont à la limite du seuil de significativité d’un point de vue statistique".

Le rôle clé de la prime d'activité

Selon l'Insee, l’évolution favorable de la pauvreté "serait principalement liée à la redistribution en faveur des ménages les plus modestes". L'Institut en veut pour preuve que le taux de pauvreté calculé à partir des niveaux de vie avant redistribution reste quasi stable entre 2015 et 2016, alors qu'il diminue de 0,3 point après redistribution.
Ce résultat serait dû à la fois aux prestations sociales et aux prélèvements directs, l'Insee mettant notamment en avant le rôle de prime d'activité qui cible davantage les plus modestes que ses deux prédécesseurs (la prime pour l'emploi et le volet activité du RSA). La baisse du taux de pauvreté liée à la prime d'activité est d'ailleurs la plus nette pour les principaux bénéficiaires de cette prestation : travailleurs aux revenus modestes, actifs à la tête d’une famille monoparentale et jeunes actifs de 18 à 24 ans (qui ne bénéficiaient pas du RSA activité).
Pour l'Insee, les mêmes raisons expliquent la très légère diminution des inégalités en 2016. Sans la redistribution, les inégalités auraient même augmenté l'an dernier, en raison d'une progression des salaires des cadres un peu plus dynamique que celle des salaires des ouvriers et employés.