Lutte contre l'exclusion - Cinq ans après le plan Pauvreté, le collectif Alerte demande une loi d'orientation et de programmation
Il y a cinq ans, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault annonçait le lancement d'un plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale (voir notre article ci-dessous du 11 décembre 2012). La mise en œuvre du plan a rencontré des fortunes diverses, mais a néanmoins permis plusieurs avancées incontestables (voir notre article ci-dessous du 24 mars 2017). Cinq ans après, le collectif Alerte - regroupement d'une quarantaine de fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l'exclusion - vient d'adresser un courrier au président de la République, afin de lui demander une loi d'orientation et de programmation pour la lutte contre la pauvreté.
Une politique globale
En mars dernier, le collectif Alerte dressait en effet un bilan mitigé du plan Pauvreté, tout en reconnaissant certaines avancées (voir notre article ci-dessous du 24 mars 2017). Le collectif y regrettait notamment le manque de portage politique. Un mois plus tôt, Alerte avait présenté, à l'occasion de la campagne électorale, sa plateforme intitulée "Manifeste pour une société bienveillante, fraternelle et solidaire". Il y demandait en particulier "un plan interministériel de lutte contre la pauvreté, traduit dans une loi de programmation financière sur cinq ans".
Le collectif demande donc aujourd'hui un rendez-vous à Emmanuel Macron. Comme il l'a déjà fait auprès d'Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, il compte plaider pour qu'"après une évaluation partenariale des politiques de lutte contre la pauvreté menées au cours des dernières années, soit mise en place une politique globale de lutte contre la pauvreté". Dans son courrier, Alerte rappelle en effet que "le développement économique sur lequel vous [le chef de l'Etat, ndlr] vous êtes engagé avec détermination ne se fera pas en laissant sur la touche une partie importante de la population".
Fixer des objectif chiffrés de réduction de la pauvreté
Fort de son jugement mitigé sur le plan de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale 2013-2017, le collectif demande cette fois-ci "que des objectifs de réduction de la pauvreté soient définis pour le quinquennat et atteints". Il ne manque d'ailleurs pas de faire remarquer que le taux de pauvreté (au sens monétaire) s'est - légèrement - accru au cours du précédent quinquennat, pour atteindre 14%. Aussi souhaite-t-il désormais que "le Parlement adopte une loi d'orientation et de programmation pour la lutte contre la pauvreté, permettant aux élus de la nation de débattre et de s'impliquer dans cet enjeu essentiel". Pour Alerte, cette loi d'orientation devra ensuite être mise en œuvre "par un plan pluriannuel interministériel associant les personnes en pauvreté".
En effet, aux yeux du collectif, "la cohésion sociale est en jeu, et mérite une politique à long terme dans un cadre nécessairement interministériel, auquel les élus de la Nation doivent être associés".
Que dit "En marche" sur la pauvreté ?
Du côté du gouvernement, le programme d'En marche - présenté avant les élections, prévoit notamment la création d'"un versement social unique et automatique pour lutter contre le non-recours aux aides sociales" et l'augmentation du "minimum vieillisse" et de l'AAH, respectivement à hauteur et au-delà de 900 euros par mois, ainsi qu'une hausse de 50% du montant de la prime d'activité.
Parmi les autres mesures du programme qui pourraient entrer dans une éventuelle loi d'orientation et de programmation figurent également la création d'un droit effectif à la domiciliation, la mise en place d'un coffre-fort numérique et l'accès à un Cloud solidaire, la création de 10.000 places supplémentaires en pensions de famille, une augmentation "considérable" de la place de l'intermédiation locative ou encore l'extension de la garantie jeunes à 200.000 jeunes.