Insertion - Le collectif Alerte lance sa plateforme pour demander un nouveau plan de lutte contre la pauvreté
A l'approche des échéances électorales, le collectif Alerte - animé par l'Uniopss et regroupant une quarantaine des plus grandes associations de lutte contre l'exclusion (Secours catholique, ATD Quart Monde, Médecins du Monde, Emmaüs, fondation Abbé-Pierre, Croix rouge, Fnars...) - publie un "manifeste pour une société bienveillante, fraternelle et solidaire" et demande "un plan interministériel de lutte contre la pauvreté traduit dans une loi de programmation financière sur cinq ans". Une demande qui s'appuie sur un constat sévère : "La pauvreté ne diminue pas dans notre pays. 14% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le nombre de sans-abri s'accroît. Cinq millions de Français souffrent de l'isolement. De nombreuses zones urbaines sont à la dérive. La politique du logement est défaillante."
Revenu minimum garanti contre revenu universel
La plateforme et sa synthèse détaillent une série de mesures, qui peuvent être regroupées en cinq grands thèmes. Tout en ne reprenant pas la demande d'un revenu universel, elles préconisent notamment "une réforme en profondeur de la politique des minima sociaux", aboutissant à la mise en œuvre d'un revenu minimum garanti, sous condition de ressources (différence de fond avec le revenu universel), dès 18 ans, adossé à un accompagnement renforcé, avec des référents de parcours, et une politique de mobilisation générale pour un emploi décent pour tous.
Alerte veut également "une politique ambitieuse de formation professionnelle et d'alternance", s'appuyant sur un compte personnel d'activité élargi à un droit à l'éducation-formation tout au long de la vie. De même, les signataires réclament "des investissements sociaux massifs" dans la lutte contre l'isolement, pour la petite enfance, et dans le soutien à la parentalité.
Le quatrième thème est celui de la mise en œuvre d'une politique du logement, "qui permette enfin de sortir des logiques d'hébergement, de lutter contre la précarité énergétique, de mieux utiliser le parc privé et de garantir l'accès au logement, y compris privé, pour les personnes les plus modestes".
Enfin, la plateforme demande "une politique de santé accessible à toute personne, quels que soient ses revenus et à tous ceux présents sur le territoire, en application de l'accueil inconditionnel".
De nombreux précédents
Depuis la création du collectif Alerte en 1994, sa représentativité fait que ses initiatives pèsent d'un certain poids. Alerte joue ainsi - avec son pacte contre la pauvreté et l'exclusion - un rôle décisif dans la loi d'orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions. De même, au début des années 2000, il contribue à l'émergence de la loi du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale.
Plus récemment - et alors que la conférence sociale des 9 et 10 juillet organisée par François Hollande ne consacrait aucune de ses sept tables rondes au thème de la lutte contre la pauvreté -, le collectif Alerte est à l'origine du plan quinquennal interministériel de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, présenté par Jean-Marc Ayrault au début de 2013.
Avec sa nouvelle plateforme, le collectif Alerte vise un renouvellement de ce plan, avec des thématiques très voisines. Il reste à savoir s'il sera à nouveau entendu, alors que le débat social semble se concentrer plutôt sur la sécurité sociale et le revenu universel.