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Social - Après avoir doublé en 25 ans, les familles monoparentales représentent une famille sur cinq

Exploitant le recensement de la population, l'Insee publie les résultats d'une étude sur l'évolution de la taille des ménages. Son titre - "Des ménages toujours plus nombreux, toujours plus petits" - résume bien le constat principal. Ainsi, plus d'un tiers des ménages (35%) sont aujourd'hui composés d'une seule personne. Fait historique, ceux-ci sont désormais plus nombreux que les ménages de deux personnes (33%) et que ceux de trois personnes et plus (32%). Cette tendance s'inscrit dans le contexte d'une forte progression du nombre de ménages (+17% depuis 1999, soit 4,2 millions de ménages supplémentaires). Une hausse nettement plus rapide que celle de population sur la même période (+9%), ce qui s'est traduit par une demande accrue de logements...

Ne pas oublier les effets du vieillissement de la population

Cette progression plus rapide que celle de la population engendre mécaniquement une réduction de la taille moyenne des ménages. L'Insee précise que "les modes de vie sont vraisemblablement le moteur principal de ces évolutions". La remarque vise notamment la moindre fréquence des familles nombreuses, les mises en couple plus tardives, les unions plus fragiles entraînant l'augmentation de la monoparentalité...
Souvent oublié, un autre facteur contribue toutefois aussi à cette diminution de la taille moyenne des ménages : le vieillissement de la population. En effet, 38% des personnes âgées de 75 ans ou plus résident seules (21% des hommes et 48% des femmes).
L'accroissement du nombre de personnes vivant seules concerne ainsi toutes les tranches d'âge (jusqu'à 66 ans pour les hommes et jusqu'à 73 ans pour les femmes). A l'inverse, les personnes très âgées - et notamment les femmes - perdent moins souvent leur conjoint qu'auparavant du fait de l'allongement général des durées de vie. L'avancée en âge des générations du baby-boom a eu une autre conséquence, qui joue également sur le logement : la forte hausse du nombre de couples dont les enfants ont quitté le foyer parental.
Conséquence de ces différentes évolutions : les ménages comptant trois personnes ou plus ne sont plus le modèle type, comme durant plusieurs décennies de l'après-guerre. Ces ménages "traditionnels" se composent à 80% d'un couple vivant avec des enfants, à 11% d'une famille monoparentale (un parent et deux enfants ou plus) et à 9% d'autres configurations (par exemple avec la présence de grands parents).

Les familles monoparentales représentent 22% du total

En termes d'impact social - en particulier pour les collectivités -, la très forte progression des familles monoparentales reste toutefois le principal enseignement de l'étude. Leur nombre a en effet pratiquement doublé (+87%) depuis 1990, avec une accélération progressive au fil du temps. D'un million cette année-là, il est ainsi passé à 1,3 million en 1999, puis1,8 million en 2013. La part des familles monoparentales dans le total des familles avec enfants est de 22% en 2013, contre 12% en 1990. Les familles monoparentales n'abritent toutefois que 20% des enfants mineurs, car les fratries sont plus petites que celles des couples : 1,58 enfant mineur par famille en moyenne, contre 1,82 enfant pour les familles en couple. En revanche, ce nombre moyen d'enfants mineurs dans les familles monoparentales est identique à celui observé en 1990.
La rupture d'un couple étant la cause principale de création d'une famille monoparentale, les enfants se trouvent d'autant plus souvent dans cette situation qu'ils sont âgés : 12% des enfants vivent ainsi dans une famille monoparentale avant trois ans, 20% entre 6 et 10 ans et 26% entre 15 et 17 ans.
Même si l'étude de l'Insee n'aborde pas cet aspect de la question, la forte progression des familles monoparentales constitue aussi un enjeu social important, en particulier pour la protection sociale et pour les collectivités territoriales. La décohabitation - à l'origine de la grande majorité des situations de monoparentalité - engendre ainsi des besoins supplémentaires de logements, avec une pression accrue sur les petites surfaces. De même, elle accroît les besoins en modes de garde. Enfin, les familles monoparentales, plus fragiles, sont nettement plus nombreuses que les autres familles à connaître des situations de pauvreté, nécessitant alors l'intervention des services sociaux et de diverses aides et prestations spécifiques ou généralistes (voir nos articles ci-dessous du 21 décembre 2015 et du 30 juin 2016).