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Logement - Le recentrage de la garantie universelle des loyers passe mal auprès des étudiants

La polémique sur l'abandon annoncé par Manuel Valls de certaines dispositions de la loi du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) s'est concentrée presque exclusivement sur la question de l'encadrement des loyers. Il est pourtant un autre sujet qui commence à son tour à provoquer des réactions : celui du recentrage de la garantie universelle des loyers (GUL).

Jeunes salariés oui, étudiants non

En présentant son plan de relance du logement, le 29 août, le Premier ministre a bien pris soin de préciser que la GUL - qui devait initialement couvrir l'ensemble des locataires - "sera recentrée sur les jeunes salariés avec l'appui des partenaires sociaux au sein d'Action Logement" et pourrait également s'étendre aux "personnes en situation précaire" (voir notre article ci-contre du 29 août 2014). Une définition qui exclut, de fait, les 2,4 millions d'étudiants, sauf - peut-être - ceux qui bénéficient d'une formation en alternance. Or nombre d'étudiants logent dans le parc locatif privé, dans des conditions d'ailleurs souvent peu satisfaisantes.
Cette exclusion des étudiants du champ d'application de la GUL recentrée n'a pas échappée à l'Unef. Dans un communiqué du 1er septembre, l'organisation réclame la mise en place de la garantie, "avec un dispositif de cautionnement public réellement universel et donc accessible à tous les étudiants".

Une annonce qui tombe mal

Pour l'Unef, l'annonce du Premier ministre tombe d'autant plus mal qu'elle intervient alors que les étudiants sont confrontés à une hausse du coût de la rentrée. Selon l'étude récurrente publiée chaque année par l'Unef, "le coût de la vie étudiante augmente de 2%, un chiffre quatre fois supérieur à l’inflation sur l’année écoulée". Or l'une des principales composantes de cette hausse est justement l'envolée des loyers des petites surfaces, qui serait supérieure de 3,1% à Paris et de 2% en région à celle constatée l'an dernier à la même époque. Une hausse d'autant plus sensible qu'elle s'accompagne d'une forte progression des charges locatives (+10% à +14% selon le type de logement). Le tout dans un contexte de gel des aides sociales, dont les bourses étudiantes.
La remise en cause de l'encadrement des loyers - que dénonce vigoureusement l'Unef - crée également une situation complexe. Dans le plan annoncé par le Premier ministre, seuls les étudiants parisiens pourraient bénéficier de l'application de la mesure sur la capitale, et encore "à titre expérimental". Mais quelques villes - pourtant exclues à l'origine par Manuel Valls - envisagent, elles aussi, de s'inscrire volontairement dans la phase expérimentale (voir notre article ci-contre du 3 septembre 2014). C'est aujourd'hui le cas de Lille, Grenoble ou Saint-Denis. A l'inverse, des villes comme Lyon, Marseille ou Toulouse excluent la mise en place d'un encadrement des loyers. Dans ces conditions, - et à supposer que l'encadrement produise des effets positifs - les inégalités pourraient bien se creuser entre villes universitaires.

 

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