Sécurité - Le ras-le-bol des policiers municipaux ne faiblit pas
"Il y a un ras-le-bol général de la profession." C'est en ces termes que Patrick Carballo, responsable adjoint au pôle police municipale du syndicat autonome interdépartemental de la police municipale (FA-PFT), résume la situation des policiers municipaux après plusieurs mois de mobilisation, lors d'une manifestation devant le ministère de l'Intérieur organisée ce 11 mai 2010. "Il faut arrêter de charger la mule", ajoute Christian Multari, du syndicat CFDT, qui fait valoir les disparités qui existent en matière de salaires et de primes au niveau territorial : "Il faut uniformiser tout ça."
Au centre de leurs revendications : des contreparties financières aux nouvelles compétences qui leur incombent dans le cadre du projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi). Ce texte, après avoir été adopté par l'Assemblée nationale en février 2010, sera débattu en septembre au Sénat. Des contreparties sociales qui, dans le détail, consistent en une revalorisation des carrières des agents de catégorie C, la prise en compte de la pénibilité et de la dangerosité pour les salariés de cette filière et l'attribution obligatoire de l'indemnité spéciale de fonction (ISF) au taux maximum pour tous avec intégration dans le calcul de la retraite.
Depuis le mois d'avril 2010, les policiers municipaux se sont mobilisés pour se faire entendre : apposition de visuels sur les véhicules de service, refus d'exercer des missions en renfort de la police nationale et de la gendarmerie, distribution de tracts vers la population, grève des contraventions… Jusqu'à présent pourtant, leurs revendications sociales sont restées sans réponse.
L'intersyndicale Police municipale a adressé une lettre le 20 avril à l'Association des maires de France (AMF) pour demander une rencontre, suivie d'une réunion tripartite (AMF, secrétaire d'Etat aux Collectivités locales et intersyndicale) mais "cette proposition est restée lettre morte", regrette Fabien Golfier, secrétaire général, responsable Ile-de-France du pôle police municipale de la FA-FPT. D'après les syndicats, le blocage des négociations s'explique facilement : "Le gouvernement nous renvoie dos à dos avec l'AMF", assure Fabien Golfier. Un effet "ping-pong" qui lasse les syndicats. "Le gouvernement se dit prêt à lâcher sur l'ISF si l'AMF est d'accord… Ils sont en train d'essayer de nous faire changer de cible !", détaille Serge Haure de la CFDT.
Face à cette situation totalement bloquée, les syndicats ont décidé de renforcer le mouvement, avec une manifestation régionale organisée à Cannes le 17 mai pendant le Festival international du film, mais aussi et surtout un appel à la grève générale lancée par l'Intersyndicale pour le 1er juin. "Si ça ne suffit pas, on continuera !", assure Christian Multari.
Emilie Zapalski