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Sécurité - "Policiers municipaux en colère !"

"On est en train de mettre en œuvre des tracts pour appeler à la mobilisation." Le message de Jean-Claude Lenay, secrétaire national CFDT Interco est clair. Après l'heure des négociations, c'est l'heure de la mobilisation. Les organisations syndicales, CGT, CFDT, FO, FA-FPT, Unsa et SNPM-CFTC, se sont réunies le 18 mars pour préparer les actions à mettre en place pour parvenir à l'aboutissement des revendications des policiers municipaux, après des discussions avec Alain Marleix, le 20 janvier 2010, sur l'avenir statutaire de la filière, restées sans suite. Le projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) déjà adopté par l'Assemblée nationale ne leur convient pas non plus : il donne de nouvelles compétences aux policiers municipaux sans contrepartie sociale… "Les policiers municipaux voient leur mission s'accroître mais pas leur rémunération", explique Jean-Claude Lenay, dont le syndicat, comme les autres, demande la revalorisation des carrières des agents de la catégorie C, l'attribution obligatoire de l'indemnité spécifique de fonction au taux maximum pour tous et sa prise en compte dans le calcul de la retraite, ainsi que la prise en compte de la pénibilité et de la dangerosité pour les salariés de cette filière, "au même titre que les pompiers ont une prime de feu". Sur ce point, même l'Association des maires de France (AMF) refuse d'envisager une revalorisation de leurs conditions sociales et émet des doutes sur le transfert de compétences en question. "On a cru entendre qu'il y avait des craintes de la part des collectivités de voir les policiers municipaux faire des revendications sociales tout comme les pompiers l'ont fait précédemment, détaille Jean-Claude Lenay. Mais ce n'est pas en faisant la politique de l'autruche qu'on va régler le problème !" Autre danger que les syndicats identifient dans ce transfert de compétence : une rupture d'égalité des citoyens face aux problèmes de sécurité quotidienne. "Les collectivités sont obligées de répondre à la désertification sur le terrain de la police nationale ; certaines remédient à cette absence par la constitution ou le renforcement d'une police municipale, d'autres ne veulent pas développer ce domaine, détaille le responsable CFDT. Certains endroits seront donc déserts en termes de sécurité car la politique municipale ne se met pas en place et l'Etat ne met pas les moyens." Les syndicats estiment pourtant qu'il est possible de répartir les rôles de chacun, les uns, comme les policiers nationaux, pouvant se charger des missions régaliennes, les autres, les policiers municipaux, pouvant prendre en charge le travail de proximité et la sécurité quotidienne des citoyens. Mais pour cela, ils demandent un débat sur la police municipale, voire "territoriale", même si la rémunération reste leur première revendication. Et pour l'heure, les syndicats s'attendent à ce que les visuels collés sur les véhicules de police, "Policiers municipaux en colère !" permettent à la population de se rendre compte de la situation. Ils sont prêts à aller plus loin : chaque mardi du mois d'avril, ils refuseront de répondre aux sollicitations des services de l'Etat "pour ne plus pallier les carences de celui-ci".

 

Emilie Zapalski