Police municipale - La grève des amendes tourne à la guerre des syndicats
La grève des timbres amendes lancée le 17 décembre par le Syndicat national des policiers municipaux (SNPM-CFTC) ne cesse de s'étendre. "Environ 1.400 polices municipales sont touchées sur 3.000", estime Frédéric Foncel, le vice-président du SNPM. Relayé par deux autres syndicats, le SIPM (Syndicat indépendant de la police municipale) et l'USPPM (Union syndicale professionnelle des policiers municipaux), le mouvement dénonce l'absence d'avancées sociales et l'opacité du rapport Ambroggiani remis en mars dernier au gouvernement. Le secrétaire d'Etat aux Collectivités territoriales, Alain Marleix, s'est récemment étonné, dans un communiqué, de cette prise de position soudaine alors que des négociations ont démarré début décembre et qu'elles ne doivent s'achever que le 20 janvier. Problème : les syndicats "généralistes", au premier rang desquels la FA-FPT (Fédération autonome de la fonction publique territoriale), la CFDT et FO, participent à ces négociations mais les syndicats de policiers s'estiment, eux, sur la touche. Et la grève tourne à un rapport de force. Ces querelles ne sont pas nouvelles et tiennent au fait qu'il n'existe pas d'élections professionnelles au sein de la police municipale. Difficile donc de connaître le véritable poids des différentes organisations. Les deux camps s'accusent mutuellement d'absence de représentativité. "Les syndicats généralistes sont incapables d'arrêter le mouvement, je reste persuadé qu'ils ne représentent rien dans la profession, ce sont des agents administratifs qui ne connaissent pas du tout la police municipale, voire qui sont dans une situation d'antagonisme. Si vous aviez des problèmes de vue, vous iriez voir un dentiste ?", tempête Philippe Steens le secrétaire général du SIPM.
Un alignement sur la police nationale
Le rapport Ambroggiani, qui sert de base aux négociations, s'inscrit dans le prolongement du protocole d'accord du 25 avril 2006 relatif à la professionnalisation de la police municipale. Il propose de rapprocher les policiers municipaux et les gardes champêtres, d'élargir le seuil de recrutement des directeurs de police municipale, aujourd'hui fixé à 40 agents, ou encore de faciliter la promotion interne. A cela s'ajoute une revalorisation indiciaire. Toutes propositions qui sont bien insuffisantes pour les syndicats qui demandent le même traitement que les policiers nationaux. Ils réclament depuis des années une généralisation de l'indemnité spéciale de fonctionnement qui peut représenter jusqu'à 30% du salaire des policiers et son intégration dans le calcul de la retraite, ainsi qu'une bonification d'un an tous les cinq ans pour un départ en retraite pleine à 55 ans. "Nous sommes considérés comme des policiers en cas de problèmes et comme des fonctionnaires territoriaux lorsqu'on parle d'avancées sociales. Conséquence : vous avez aujourd'hui des policiers sur la voie publique à 55 ans et qui auront une retraite de 900 euros", souligne Philippe Steens.
L'un des rares points de convergence tient aux ASVP (agents de surveillance de la voie publique). Souvent contractuels, ils sont chargés de la circulation, mais il arrive qu'ils soient recrutés en lieu et place de véritables policiers municipaux car "moins chers". Or le rapport Ambroggiani propose la création d'un uniforme distinct de manière à ce qu'il n'y ait plus de confusion possible.
Pour l'heure, la FA-FPT se dit "surprise" par le mouvement et a annoncé qu'elle participerait bien à la réunion du 20 janvier au ministère de l'Intérieur. Elle se déterminera alors en fonction de la position du gouvernement. De leurs côtés, SNPM, SIPM et USPPM entendent durcir le mouvement avant la réunion et ce malgré les menaces d'Alain Marleix qui a rappelé que les maires pourraient prendre des sanctions à l’égard des grévistes. "Dans trois mois, les régionales, rappelle l'USPPM dans un communiqué. Les policiers municipaux et leur famille ont le droit de vote."
Michel Tendil